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numéraire jusqu’à concurrence de 40 millions contre dépôts de titres de fonds publics ou de bons du trésor; 15 millions sont exigibles à la première requête, le reste après avis préalable.

La banque des Deux-Siciles, désignée ordinairement sous le nom de banco di Napoli, vieil établissement qui date du XVIe siècle, a été d’abord réorganisée en 1860 par un décret de la lieutenance. Aux termes de ce décret, qui ne faisait guère que maintenir l’état existant, elle continuait à fonctionner comme banque de dépôt et d’escompte, et aussi comme banque de circulation, car elle émettait, pour les dépôts reçus, des titres qui, sous le nom de fedi di credito, circulaient comme de véritables billets de banque. Elle était chargée de certaines fonctions administratives, comme par exemple d’enregistrer tous les contrats relatifs à la propriété. Elle opérait en même temps comme trésorerie générale de l’état, des villes, des communes, des hospices, des établissemens de bienfaisance, et il y avait là une ingérence assez mal définie des divers pouvoirs publics. C’était, comme on le voit, une institution d’un caractère mixte, privée à la fois et gouvernementale. C’était surtout, dit-on, sous les anciens rois, une sorte de bouteille à l’encre; ses statuts mêmes étaient aussi obscurs que ses comptes. Tout le monde cependant s’accorde à dire que, si elle a été utile à ceux qui en tenaient les clés, elle a aussi rendu des services au public. Depuis le décret de la lieutenance, son organisation a été modifiée. Au commencement de l’année 1862, on étendit aux provinces méridionales les règlemens généraux de la comptabilité publique; alors cessèrent les opérations de trésorerie dont le banco di Napoli était chargé. Enfin un décret du 27 avril 1863 lui a ôté tout caractère officiel et en a fait un établissement privé simplement soumis à la surveillance de l’état. Après quelques réformes indispensables, cette institution a même acquis une grande importance, et les billets privilégiés de la Banque d’Italie auront à compter, dans le midi du moins, avec les fedi di credito.

Il suffit de mentionner en passant la caisse du commerce et de l’industrie, qui vit à Turin sans grand éclat. Un plus grand intérêt s’attache aux caisses d’épargne de l’Italie, à l’une surtout, celle de Milan, qui fonctionne comme une grande institution de crédit. Cette caisse a eu des commencemens modestes. Une commission centrale de bienfaisance, s’étant formée en Lombardie pour parer à une disette en 1817, se trouva avoir un excédant de fonds lorsque le fléau eut disparu. Elle fonda en 1823 la caisse d’épargne de Milan avec diverses succursales en Lombardie. Le capital qui servait à garantir les dépôts était alors de 300,000 francs. Les livrets de cette caisse, au lieu d’être nominaux, formaient de véritables titres