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est intéressant d’étudier, avec les auteurs de l’Annuaire statistique quel fut le mouvement militaire qui se produisit dans les diverses parties de la péninsule, lorsqu’en 1848 et 1849, puis plus tard en 1859, l’Italie fut appelée à conquérir sa liberté. En 1848, Palerme donne le signal de l’insurrection, et la secousse se fait sentir tout de suite dans le royaume lombardo-vénitien. La Lombardie se soulève en masse, et 20,000 Autrichiens, qui occupaient Milan, sortent de la ville pendant la nuit, précipitant leur retraite à marches forcées. Venise oblige sa garnison à capituler, et le Piémont accourt sur le Tessin, prenant en main pour la première fois la cause de l’indépendance nationale. Le roi Charles-Albert avait à ce moment une armée de 45,000 hommes, qui monta à 60,000 à la fin de la campagne. Les états pontificaux, la Toscane, les duchés, lui fournirent environ 18,000 volontaires. Le gouvernement provisoire de Milan improvisa un ministère de la guerre, et essaya de créer un corps d’armée qui pût, sinon prendre une part active à la lutte, du moins servir de réserve à l’armée qui combattait sur le Mincio. Il faut avouer que ses efforts furent couronnés d’un médiocre succès. On trouve bien dans les récits du temps que le gouvernement milanais réunit trois régimens de ligne, un de chasseurs, qu’il forma le noyau de deux régimens de cavalerie (dragons et chevau-légers), qu’il eut même des détachemens de troupes d’artillerie et du génie; ce fut un effectif de 8,000 hommes environ qui ne paraît pas avoir rendu de grands services. Il y avait, il est vrai, dans le camp piémontais de 7 à 8,000 volontaires des différentes provinces de la Lombardie qui formaient des corps détaché sous des noms divers, «légion des étudians, bataillon de Côme, bataillon de la Mort, corps de Thannberg, bataillon bergamasque, volontaires de La Valteline, vélites lombards, etc. » Lorqu’en 1849, à l’expiration de l’armistice Salasco, la guerre recommença, Charles-Albert, après avoir incorporé tous les volontaires dans son armée, comptait 81,000 hommes en ligne avec 150 bouches à feu. On sait les fautes qui compromirent cette armée et qui aboutirent au désastre de Novare.

La défense de Venise fut, on le sait, un des épisodes les plus brillans de cette guerre. Dès les premiers jours de 1848, Venise, délivrée des Autrichiens, avait réparé ses fortifications, élevé de nouveaux forts, organisé une flotte et créé une petite armée; 17,000 hommes, venus de toutes les parties de l’Italie, reçurent une organisation régulière. Il n’y a pas à rappeler les prodiges de valeur que fit cette garnison, autour de laquelle, après la bataille de Novare, les Autrichiens purent concentrer une grosse armée de siège; elle ne se rendit que quand elle n’eut plus ni vivres, ni munitions, et tous les