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ne comprend qu’un tiers de la population et de la superficie du royaume. On y compte près de 2,500 communes ayant moins de 1,000 habitans. Ces chiffres n’ont rien d’étonnant pour des Français, puisque sur 38,000 communes nous en avons 20,000 qui ne contiennent pas 500 âmes. Aussi observe-t-on généralement que la vie communale est en France frappée d’impuissance. Quoi qu’il en soit, tous les Italiens reconnaissent qu’il est désirable, surtout dans la partie septentrionale du royaume, d’augmenter la dimension moyenne des agglomérations communales; mais comment se fera ce travail d’agrégation? Le laissera-t-on se produire tout seul, en se bornant à montrer aux populations l’intérêt qu’elles y doivent trouver? On ne peut guère compter qu’ainsi livrées à elles-mêmes, les habitudes locales arrivent à se changer spontanément. En France par exemple, les communes ont des voies assez faciles pour s’agglomérer; il ne paraît pas qu’on leur refuse, quand elles en font la demande, le décret qui leur est nécessaire, si elles veulent s’agréger sans se disloquer, ou la loi qui doit intervenir dans le cas contraire; cependant depuis vingt années on n’a vu en France, sur les 38,000 communes, que 776 agrégations volontaires. Faudra-t-il donc forcer un peu la main aux paysans italiens pour les amener à se fondre dans des associations moins restreintes? C’est là une solution incompatible avec l’idée même de la liberté municipale. De bons esprits ont proposé un moyen terme, qui est de donner aux grandes communes des privilèges plus étendus qu’aux petites. Les premières ont en effet plus de ressources, plus de lumières pour régler elles-mêmes leurs affaires. On pourrait décider par exemple que les affaires des communes dont la population n’atteindrait pas un certain chiffre seraient seules soumises à un contrôle supérieur. Il faut dire que cette marche paraît contraire à la tendance générale des gouvernemens, qui se montrent disposés à refuser aux grandes communes les privilèges qu’ils accordent aux petites : elle trouverait néanmoins des précédons, et on peut citer à ce sujet la Belgique, où l’autorité administrative exerce une surveillance spéciale sur les communes dont la population est inférieure à 5,000 âmes, et où ces communes seules doivent faire approuver leurs marchés et leurs contrats par le conseil provincial. Beaucoup de publicistes italiens ont donc proposé qu’on entrât dans cette voie, et qu’on fixât à 2,500 ou 3,000 âmes la population de la commune vraiment émancipée et autonome. On a calculé que, pour amener à ce chiffre la population moyenne de leurs communes, la Lombardie et les anciennes provinces auraient à en remanier les neuf dixièmes; la Toscane aurait au contraire dès maintenant les trois quarts de ses communes dans les conditions normales, l’Emilie et la Sicile plus de la moitié, les