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tale européenne. Toutes les conséquences de la faiblesse de cette action gouvernementale s’étalent depuis six mois dans cette triste affaire des duchés. Ici le désordre politique et le scandale d’hostilités sanglantes gratuitement entreprises touchent-ils à leur fin ? Il n’est peut-être pas interdit de l’espérer. L’engagement militaire le plus grave de la campagne vient d’avoir lieu à Düppel. Les Danois ont bravement repoussé un violent et opiniâtre assaut des Prussiens. C’est au moment où cette guerre fait verser sans utilité le plus de sang que la réunion de la conférence devient enfin vraisemblable. Les invitations de l’Angleterre assignent le 12 avril prochain comme la date de cette réunion. La conférence est acceptée par les belligérans, la Prusse et l’Autriche d’une part, le Danemark de l’autre, sur la base élastique de l’intégrité de la monarchie danoise. Le consentement de la Russie et de la France ne fait point de doute. Il n’y a plus en suspens que l’adhésion de la diète de Francfort. Que fera la diète ? La Prusse et l’Autriche ont-elles récemment acquis plus d’ascendant sur leurs confédérés et entraîneront-elles la majorité de la diète vers l’acceptation ? Les hommes qui dirigent les états moyens et petits de l’Allemagne se trouvent en présence d’une grave responsabilité. Le courant habituel de leurs prétentions, qui les porte à vouloir jouer un rôle dans les grandes délibérations européennes, devrait les décider à bien accueillir l’invitation qui leur est adressée. L’occasion qui s’offre à eux de prendre part à une conférence européenne et de faire consacrer à ce point de vue par un précédent solennel le droit qu’ils revendiquent depuis si longtemps, cette occasion est unique, et, s’ils la laissent échapper, ils ne pourront plus désormais s’en prendre qu’à eux-mêmes de l’abaissement et de l’annulation des états secondaires. La seule objection qu’ils puissent alléguer pour se tenir à l’écart de la conférence, c’est que la base adoptée de l’intégrité de la monarchie danoise est contraire à l’opinion qu’ils ont jusqu’à présent manifestée sur la question de succession dans les duchés. C’est ici qu’on va voir si l’esprit politique l’emporte en eux sur l’esprit de pédantisme. La conférence, en se formant sur une base vague, réserve évidemment une grande latitude à ses délibérations. Son véritable objet, un objet d’humanité et de conciliation pacifique, est de mettre fin à la guerre. La question de l’intégrité de la monarchie danoise est susceptible, on le sait, de plusieurs interprétations. Nous avons déjà dit que l’une de ces interprétations, le système de l’union personnelle, ne répugne pas moins aux Danois qu’aux états secondaires : la nation danoise irait jusqu’à préférer à ce système la séparation complète du Holstein. La discussion au sein de la conférence paraît donc devoir modifier la base aujourd’hui proposée, et les états secondaires perdraient volontairement le bénéfice des modifications possibles et probables, si la diète s’excluait elle-même de la conférence. Nous ne voulons donc point nous attendre à un refus inconsidéré de la diète ; nous ne voulons pas croire non plus que la diète puisse