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commencer la lutte. Les réformes de Huskisson, le triomphe de la ligue contre les lois céréales en Angleterre avaient ranimé l’ardeur des économistes. Cobden parcourait l’Europe pour allumer les courages et prêcher la guerre sainte contre le système protecteur. Des ligues se formèrent de tous côtés : Paris, Bordeaux, Lyon, Marseille, Bruxelles, etc., eurent les leurs, et, grâce à la prodigieuse activité de Bastiat et de ses amis, le mouvement gagnait de proche en proche, quand la révolution de février vint l’arrêter court. Cependant, avant de se dissoudre, l’association qui s’était constituée en Belgique sous la présidence de M. de Brouckère provoqua en 1849 la réunion à Bruxelles d’un congrès international qui, après trois jours d’une discussion animée, se prononça en faveur de la liberté commerciale.

Peu après, en 1852, M. de Brouckère, alors bourgmestre de Bruxelles, fonda au Musée de l’Industrie de cette ville un cours d’économie politique qui devait tenir l’opinion publique en éveil, en attendant le moment opportun de rentrer en campagne. M. de Molinari fut chargé de ce cours. Il commença par créer un journal, l’Économiste belge, qui eut un rapide succès, et devint en quelque sorte le point de ralliement autour duquel se rangèrent tous ceux qui avaient des opinions libérales, et qui formèrent le noyau d’une nouvelle association douanière. Cette association se constitua le 20 janvier 1856, sous la présidence de M. Corr van der Maeren, négociant et juge au tribunal de commerce de Bruxelles. Le but auquel on tendait alors était la réduction successive des droits d’importation, la suppression des prohibitions à la sortie, et la transformation successive du tarif jusqu’alors protecteur en un tarif fiscal, c’est-à-dire destiné seulement à accroître les revenus du trésor et non à protéger l’industrie nationale. L’association avait, comme partout, deux ennemis à combattre, l’ignorance et la coalition des intérêts favorisés par le régime en vigueur. Pour exercer sur tous les points une action plus efficace, elle se divisa en sous-comités locaux chargés d’agir chacun dans un rayon déterminé sur l’opinion publique. Un grand nombre d’adhérens lui vinrent de tous côtés et dès la première année l’association disposa d’un budget qui servit à publier des journaux et des brochures. Elle organisa en outre à Bruxelles un bureau de renseignemens pour y centraliser toutes les publications et tous les documens statistiques susceptibles d’éclairer le public et le gouvernement sur la situation industrielle et commerciale du pays. Elle créa des conférences pour demander non-seulement la révision des tarifs, mais la suppression de tous les abus, l’abrogation de toutes les lois surannées qui paralysaient le commerce et entravaient l’expansion du travail. Enfin elle provoqua en 1856 la réunion à Bruxelles d’un nouveau congrès international pour la réforme douanière. À la suite de ce congrès, il fut décidé que des comités spéciaux seraient établis dans différens pays, afin d’agir avec ensemble sur l’opinion ; mais, les circonstances ne se prêtant pas à un