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On avait eu, ces temps passés, quelques inquiétudes du côté de l’Italie. On craignait que, l’Autriche s’étant engagée dans la presqu’île danoise, l’Italie n’allât lui chercher querelle dans la Vénétie. Nous ne savons si c’est parce que l’Autriche n’est point assez engagée encore, mais le fait est que les Italiens se montrent fort sages. Le gouvernement italien s’occupe avec une louable persévérance des questions financières. M. Minghetti est en train de mener à bonne fin son œuvre de la péréquation de l’impôt foncier. Cette loi financière, qui touche à tant d’intérêts, devait soulever bien des contestations dans un pays où l’unité est si récente, et où par conséquent les méthodes de taxation avaient jusqu’à présent été si diverses. Aussi un nombre prodigieux d’amendemens avait-il été présenté sur le projet de péréquation. Tous ces amendemens ont disparu, excepté celui auquel le gouvernement s’était rallié. M. Minghetti a dû être utilement servi en cette circonstance par la dextérité que le ministre de l’intérieur, M. Peruzzi, apporte dans la manœuvre parlementaire et dans la conduite de la chambre. Le gouvernement italien ne se borne pas à fonder les bases du revenu ordinaire du trésor ; il s’occupe encore de réunir efficacement les ressources extraordinaires qui lui sont nécessaires pendant la période de transition qu’il traverse. Il y avait à placer le reliquat de 200 millions du dernier emprunt, il y avait aussi à aliéner les chemins de fer qui appartenaient à l’état dans l’ancien Piémont : ces deux opérations sont conclues ou à la veille de l’être dans des conditions qui assurent le présent financier de l’Italie.

Rien n’est plus facile, comme c’est de mode aujourd’hui, que de se livrer à de banales déclamations contre ce qu’on nomme les partis, de les représenter comme une superfétation ennemie ou stérile, comme une combinaison malfaisante d’ambitions purement personnelles. Il n’y a qu’un malheur, c’est que les partis sont l’organisme même de la vie publique ; leurs luttes sont la condition naturelle d’un régime réellement libre, et si par eux, lorsqu’ils sont puissamment organisés, les gouvernemens sont quelquefois tenus en échec, sans eux, ou lorsqu’ils sont affaiblis et décomposés, les ministères n’ont plus ni force, ni point d’appui, ni même souvent raison d’être : la vie constitutionnelle n’est plus qu’une succession de combinaisons arbitraires qui paraissent et disparaissent. C’est l’expérience qui se fait en Espagne. Depuis plus de dix ans, au-delà des Pyrénées, les partis décomposés en sont à retrouver un camp, un drapeau, une discipline, une idée organique. Aussi, depuis un an, quatre ministères se sont succédé, et le dernier date de quelques jours à peine.

Il y a eu, il est vrai, un cabinet, celui du général O’Donnell, qui a duré près de cinq ans ; il n’a résolu ce problème qu’en fondant, par l’autorité d’un chef énergique, une multitude d’élémens disparates de tous les partis sous le nom d’union libérale, et il n’a réussi à maintenir cette fusion artificielle qu’en agissant le moins possible, en bornant le plus souvent son ambition à vivre. Le cabinet O’Donnell est tombé au commencement de