Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 50.djvu/470

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si le mot fut dit, je m’assure
Qu’il vint d’une femme en tout cas.

Quoi qu’il en soit, que vous importe ? ..
Des propos qu’un murmure apporte
Quand ces propos sont insultans ! ..
Ne faut-il pas que l’on se venge
De vous voir belle comme un ange
Et de vos yeux couleur du temps ?

Puis, après tout, va pour niaise !
Ont-elles de l’esprit, tant mieux !
Qu’elles bavardent à leur aise.
Vous, parlez-nous avec vos yeux.
En amour, ce profond mystère,
Le difficile est de se taire.
Qu’a vraiment à faire, entre nous,
Votre altesse blonde et vermeille,
Si d’autres femmes ont l’oreille,
Puisque tout le reste est à vous ?

Va, Louison, laisse-les dire,
Et refais à nos yeux ardens,
Dans la pourpre de ton sourire,
Éclater l’émail de tes dents !
Ah ! que sont les paroles vaines
Auprès des chants de volupté
Que les cent voix de ta beauté
Font vibrer jusque dans nos veines ?

Loi mystérieuse et profonde,
Désir ! c’est toi qui réunis
L’homme à l’homme, le monde au monde,
Dans des transports indéfinis !
C’est toi dont la puissance allume
L’amour radieux du soleil,
Quand, levant la gaze de brume
Qui voilait pendant son sommeil
Terra, sa maîtresse éternelle,
Il promène, tout enflammé,
Sur les charmes de l’astre aimé
Son incandescente prunelle…