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du gaz envoyé en douze ou vingt-quatre heures au gazomètre. Il suffit de comparer ensuite ce volume avec les quantités de houille soumises à la distillation pour s’assurer du rendement normal ou constater les déperditions et y remédier.

De semblables compteurs (également accompagnés d’indication de pression), interposés entre les gazomètres et les larges conduites qui livrent passage au gaz expédié aux consommateurs, permettent de comparer le volume du gaz emmagasiné dans les gazomètres avec celui qu’indiquent les compteurs de sortie, et de s’assurer ainsi qu’aucune déperdition anormale n’a eu lieu, soit à la surface de la cloche du gazomètre, soit par les joints ou fissures des conduites intermédiaires.

Enfin, entre les compteurs de sortie et les divers points d’arrivée du gaz, les fuites se trouvent signalées dès que le volume expédié aux consommateurs dépasse notablement les quantités nécessaires. C’est alors dans le parcours des conduites principales, des embranchemens et des tubes de distribution qu’il faut rechercher les fuites. On les trouve en interceptant par des valves, de proche en proche, la communication, jusqu’à ce que l’on ait rencontré l’intervalle où se manifeste la déperdition.

Quant aux gazomètres eux-mêmes[1], les améliorations principales consistent dans une ingénieuse disposition inventée en France par Pauwels, puis généralement adoptée en Angleterre. Cette modification consiste à maintenir l’immense cloche en tôle par deux longs tubes articulés, l’un introduisant, l’autre évacuant à volonté le gaz, et se prêtant tous deux, comme d’énormes bras flexibles, aux mouvemens tantôt ascendans, tantôt descendans, de ces vastes réservoirs mobiles, à mesure qu’ils s’emplissent ou qu’ils se vident. Les gazomètres ainsi disposés ont été d’année en année construits sur de plus grandes dimensions. Ils ont atteint chez nous un diamètre de 37 mètres et une hauteur de 15 mètres environ ; ils contiennent à peu près 15,000 mètres cubes. En Angleterre, ces dimensions se trouvent encore dépassées : j’en ai vu plusieurs ayant 50 mètres de diamètre, 24 mètres de hauteur, chacun d’eux offrant une contenance de 28,000 mètres cubes. En tout cas, les cloches des gazomètres construites d’après ce système ne sont plus équilibrées sur des contre-poids : soulevées naturellement par le gaz, qui pèse, moitié moins que l’air atmosphérique, on les surcharge une

  1. Ce nom indiquerait, à proprement parler, un appareil mesureur du gaz, tandis que la principale fonction des gazomètres (bien que chacun d’eux porte un simple indicateur du volume renfermé) est de contenir ou d’emmagasiner le gaz. Aussi la dénomination adoptée en Angleterre semble-t-elle préférable, puisque le mot composé gaz-holder signifie récipient ou réservoir de gaz.