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barre de fer chauffée au blanc soudant, et dont la très vive lumière blesse les regards au moment où on la retire du feu de la forge ; telles sont enfin les parcelles enflammées étincelantes qui s’échappent de l’acier en combustion dans le gaz oxygène.

Quelle que soit donc la substance, solide, liquide ou gazeuse, communément employée pour l’éclairage, la cause de la lumière ainsi produite est la même, et chacune de ces substances se trouve toujours aussi à l’état de gaz au moment où, par la combustion, elle engendre une flamme. Enfin la lumière artificielle est toujours due à la présence des particules charbonneuses précipitées dans l’intérieur de la flamme. La quantité de lumière émise est donc proportionnée à la quantité de ces particules de charbon qui rayonnent simultanément comme autant d’astéroïdes microscopiques suspendus dans le courant ascensionnel de la flamme éclairante.

Des expériences curieuses, faciles à répéter, offrent une élégante démonstration de cette théorie fondamentale. Que l’on insuffle par exemple dans la flamme d’une bougie un mince courant d’air avec le bec du chalumeau en usage dans les laboratoires, au moment même la flamme perd tout son éclat, parce que le carbone, brûlé simultanément avec l’hydrogène, disparaît sans laisser en suspension ses particules solides éclairantes. Cependant alors la température s’est élevée davantage, car si l’on présente au dard horizontal de la flamme, devenue pâle et bleuâtre, un corps solide réfractaire, il s’échauffera promptement au rouge vif, et deviendra lumineux à son tour. C’est ainsi que l’on a pu produire une éclatante lumière à l’aide d’un courant de gaz oxy-hydrogène enflammé projeté sur un globule de chaux. On a même fondé sur cette méthode un éclairage spécial, sans autre matière combustible que le gaz hydrogène obtenu de la décomposition de l’eau par le fer ou le charbon chauffé au rouge. Au-dessus d’un bec alimenté par ce gaz, et dans la flamme isolément dépourvue de pouvoir éclairant, on fixait par un support un léger réseau cylindrique en fil de platine ; presque aussitôt ce petit manchon métallique, s’échauffant au rouge clair, développait une lumière brillante, douce et tranquille, mais moins économique en somme que celle du gaz de la houille[1].

Si l’on élevait au-delà des limites ordinaires la température, en activant la combustion par le tirage que peut produire une haute cheminée en verre posée sur un bec de gaz, la flamme aussitôt deviendrait

  1. Rion en définitive n’est plus facile que de constater la présence des particules charbonneuses dans une flamme éclairante ordinaire, celle du gaz ou d’une bougie : il suffit de placer un instant au milieu de cette flamme un corps froid, tel par exemple qu’une soucoupe de porcelaine blanche, pour produire aussitôt une large tache noire duc au carbone déposé, et dont le corps froid a fait cesser l’incandescence en arrêtant la combustion aux points de contact.