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substances solides (cire, suif, spermacéti, paraffine) et les huiles. En effet, si ces dernières substances sont toujours à l’état fluide dans les lampes, les premières, avant la combustion, se liquéfient à la partie supérieure des bougies ou chandelles allumées. Dans les deux cas, la substance arrive liquide au contact de la mèche. Or, à cet instant, la matière liquéfiée s’infiltre par capillarité entre les fibres textiles, absolument comme la matière oléiforme ; elle s’approche également de la flammé, et dès lors, sous l’influence de la forte chaleur qu’elle éprouve, se transforme en gaz et vapeurs qui, en brûlant, développent la flamme lumineuse.

La démonstration expérimentale de ces phénomènes est à la portée de chacun. En effet, si l’on approche une allumette enflammée de la traînée blanchâtre de vapeur globulaire exhalée d’une bougie qu’on vient d’éteindre à l’instant, cette traînée entre aussitôt en combustion à une distance assez grande de la mèche, et rallume la bougie. On voit donc que, dans tous les modes usuels d’éclairage, la flamme est engendrée soit par les gaz et vapeurs formés dans les appareils des usines, soit par de semblables produits gazéiformes que dégage la haute température aux approches des parties de la mèche où s’opère la combustion. En dernière analyse, ces flammes sont toujours le résultat de la combustion des produits gazéiformes ; mais comment la flamme devient-elle plus ou moins éclairante dans l’acte de la combustion ? À cette question, la réponse est facile, si l’on prend pour base la théorie émise par Humphry Davy, en y ajoutant quelques données plus récemment acquises à la science. Ainsi complétée, cette théorie rend même compte des variations considérables observées entre les quantités de lumière obtenue de la même substance, suivant les circonstances où la combustion a lieu.

Lorsque par exemple ces gaz et vapeurs sont allumés au sortir d’un bec, les parties extérieures de la flamme qu’ils produisent, brûlant au contact de l’air, forment avec l’oxygène atmosphérique des composés gazeux, — la vapeur d’eau et le gaz acide carbonique, — tous deux invisibles, par conséquent dépourvus de pouvoir éclairant ; mais dans l’intérieur de la flamme, où l’air n’a pas accès, les choses se passent tout autrement. L’effet seul de la chaleur suffit pour séparer de l’hydrogène, resté à l’état gazéiforme, le carbone ou charbon à l’état solide, en très fines particules, comme une sorte de poussière. Chacune de ces particules solides, immédiatement portée à une haute température, émet des rayons lumineux à la manière de tous les corps solides fortement chauffés. Il en est ainsi des divers objets en poterie ou porcelaine dure dans les fours au moment de la cuisson au grand feu, et dont les yeux ne sauraient supporter l’éclatante lumière, si l’on n’en affaiblissait l’intensité par l’interposition d’une lame de verre teinte en bleu. Telle se montre encore une