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REVUE DES DEUX MONDES.

suit Lara comme un ange protecteur. Caled est une femme qui, sous un déguisement d’esclave arabe, aime Lara comme son maître et comme un amant. Invitée par Lara et par la comtesse de Flor à chanter un air de son pays, elle se met à chanter en s’accompagnant d’une mandoline que lui avait remise la comtesse de Flor, qui se trouve être la rivale de Caled :

À l’ombre des verts platanes
Où dorment les caravanes,
Mohamed est de retour.

Il ramène sous sa tente
Une épouse souriante
Et fière de son amour.

À ses pieds elle sommeille ;
Mirza seule écoute et veille
Sur les rochers d’alentour.

. . . . . . . . . . .

Dans sa colère fatale,
Mirza frappe sa rivale
Et ferme ses yeux au jour…

À ces mots, la marquise s’élance précipitamment de sa chaise en s’écriant : « Lara, c’est une femme !… » Cette scène est touchante, et l’artiste qui représente Caled, Mme Galli-Marié, excelle à rendre les diverses nuances de son cœur dans la position difficile où elle se trouve. Je m’arrête ici pour laisser aux lecteurs une bonne impression du talent vigoureux de M. Maillard. Comme la partition de Lara va bientôt paraître, je serai heureux alors d’apprécier une œuvre dont le succès au théâtre semble assuré, pour quelque temps du moins.

P. Scudo.

V. de Mars.