Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par des espèces métalliques est moins considérable que chez nous ; à New-York, d’après le bilan du 10 octobre 1863, la circulation fiduciaire de toutes les banques était de 5 millions de dollars et l’encaisse de 30. Dans toute l’Angleterre, la circulation non couverte par des espèces métalliques n’atteint pas là millions de livres sterling ou 350 millions de francs[1]. Elle est en France d’environ 600 millions de francs ; par conséquent, si le progrès consiste à avoir une circulation fiduciaire très étendue, nous n’avons rien à envier à nos voisins d’outre-mer et d’outre-Manche. Nous sommes en avance sur eux ; mais nous doutons fort que ce soit là le progrès, et puisqu’on par le de la liberté des banques qui existe en Amérique et en Angleterre, nous allons montrer ce que devient la circulation fiduciaire sous l’influence de ce régime. En Angleterre, en Écosse, en Irlande, dans l’état de New-York, nous pourrions dire dans toute l’Amérique, la circulation fiduciaire tend à diminuer plutôt qu’à augmenter ; c’est un fait qu’on ne remarque pas suffisamment, et qui mérite pourtant la plus grande attention. Au mois d’octobre 1857, vers le milieu de la crise quia sévi à cette époque, la monnaie fiduciaire émise par les banques de New-York s’élevait à peine à 8 millions de dollars, soit à 40 millions de francs, couverts par un encaisse métallique de plus de 11 millions de dollars. En 1863 (bilan du 10 octobre), à six ans d’intervalle, elle est de 5 millions seulement, couverts par un encaisse de près de 30 millions de dollars ou 150 millions de francs, c’est-à-dire qu’elle est devenue presque insignifiante, et que le rôle qu’elle joue dans le mécanisme de ces banques s’amoindrit de plus en plus. Si aux banques de la ville de New-York nous joignons celles de Philadelphie et de Boston, nous trouvons les résultats suivans au 1er novembre 1863 :


Billets au porteur 15,804,000 dollars.
Espèces. 40,131,000

En Angleterre, le même phénomène a lieu. Après la crise de 1857, au commencement de 1858, M. Mac-Culloch évaluait ainsi la quantité des billets en circulation :


liv. sterl.
Par la Banque d’Angleterre 28,000,000
les banques privées 3,700,000
joint stock banks 3,050,000
les banques d’Ecosse 4,008,000
les banques d’Irlande 7,000,000
Total 45,750,000 liv. sterl.
  1. D’après le bilan de la banque d’Angleterre du 18 décembre 1863, la circulation active était de 19,801,000 livres sterling, avec 12,916,000 livres d’espèces en caisse ; différence 6,885,000 livres sterling. — Ajoutons la même somme pour le reste des îles britanniques, et nous n’arrivons pas au chiffre de 14 millions de livres sterling.