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dressées par le capitaine Kérallet pour servir de guide aux marins. Certes aucun de ces travaux n’a été entrepris en vue de résoudre la question ethnologique qui nous occupe, et si nous y trouvons des argumens, il faudra bien reconnaître qu’ils n’ont pas été inventés pour les besoins de notre cause.

Tous nos lecteurs savent que la chaleur solaire est beaucoup plus intense à l’équateur que sous les pôles. De ce fait seul résulte tout un ensemble de phénomènes. L’air, constamment échauffé à la surface de la terre et des mers dans les régions équatoriales, par conséquent devenu plus léger que l’air des régions voisines, s’élève vers les hauteurs de l’atmosphère. S’il n’était remplacé, il laisserait un vide, et ce vide, qui tend sans cesse à se former, doit être comblé sans interruption. De là résultent deux grands courans aériens incessans et qui sembleraient devoir se diriger directement l’un du sud au nord, l’autre du nord au sud ; mais, par suite de la forme et du mouvement de notre globe, ces courans sont infléchis et portent dans l’hémisphère boréal du nord-est au sud-ouest, dans l’hémisphère austral du sud-est au nord-ouest. Ces courans aériens sont bien connus de tous nos lecteurs sous le nom de vents alizés. Ce sont eux qu’on a regardés comme un des grands obstacles aux voyages par mer d’Asie en Océanie ; mais, pour qu’il en fût ainsi, il faudrait que leur influence s’exerçât sans interruption et sur l’Océan-Pacifique tout entier. Or les choses, on va le voir, sont loin de se passer de cette manière.

En effet, à mesure qu’il approche de l’équateur, l’air apporté par les vents alizés subit, lui aussi, l’influence de la chaleur. Il s’échauffe, se dilate et s’élève, emportant avec lui toute la vapeur d’eau dont il s’est chargé en rasant l’Océan. Ces vapeurs, condensées par le froid dans les hautes régions de l’atmosphère, se transforment en nuages. De là résulte la zone que les Anglais ont appelée le Cloud-ring (l’anneau de nuages). Cette zone échappe, on le comprend, tout entière à l’action des vents alizés. Au lieu de courans d’air soufflant dans une direction constante, le navigateur n’y rencontre qu’une succession irrégulière de calmes, de vents ou de tempêtes soufflant dans toutes les directions, et d’orages accompagnés de pluies diluviennes. — Dans les deux hémisphères au-delà des vents alizés, on trouve en outre une zone appelée zone des calmes ou des vents variables tropicaux. Ce nom seul indique qu’ici les vents n’ont plus de direction constante. — Puis enfin vient dans l’hémisphère austral, comme dans l’hémisphère boréal, la région des vents généraux, qui soufflent en sens inverse des alizés.

    raison, parait-il, sur plusieurs points de théorie ; mais ses plus ardens contradicteurs n’en proclament pas moins tout ce qu’ont de sérieux et d’important ses recueils d’observations et ses travaux pratiques.