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REVUE. — CHRONIQUE.

voix des deux partis sont arrivées dans la chambre des représentans, le ministère n’y possédant plus, grâce à l’accord des Anversois et des catholiques, qu’une majorité nominale de deux voix. Dans une telle situation, l’issue naturelle est une dissolution de la chambre et un appel au pays. La dissolution, qui exciterait les passions des partis, qui les mettrait violemment aux prises et causerait peut-être des scènes fâcheuses là où l’animosité des électeurs est portée au comble, répugne, dit-on, au prudent esprit du roi Léopold. Le roi préférerait gagner du temps, atteindre l’année 1865, où doit avoir lieu le renouvellement partiel de la chambre, et où les élections partielles pourraient avec moins de secousses fournir les éléments d’une majorité politique. Le roi Léopold a surmonté déjà des difficultés analogues en donnant, pendant l’interrègne des majorités politiques, le pouvoir à des cabinets mixtes, qu’on appelait des ministères d’affaires. Les catholiques ne se souciant pas plus de prendre le pouvoir que les libéraux de le garder, le roi Léopold a voulu avoir recours à l’expédient d’un cabinet d’affaires et a offert le portefeuille à MM. de Brouckère et Pirmez. Ces honorables représentans n’ont pas cru que la situation un peu violente où se trouve la Belgique leur permît d’accepter le gouvernement ; il leur a semblé qu’il fallait que la question entre le parti libéral et le parti catholique fût tranchée nettement par un appel immédiat au pays. Si le roi ne peut former un cabinet d’affaires, il faudra bien en venir à la dissolution de la chambre, énergiquement réclamée d’ailleurs par l’opinion libérale. On a dit dans ces derniers jours que, pour éviter la publication de l’enquête à laquelle a donné lieu l’élection de Bastogne, où le candidat catholique ne l’aurait emporté sur M. d’Hoffschmidt que par des manœuvres illégales, le parti catholique accepterait peut-être le pouvoir malgré ses précédens refus, et consentirait à courir la chance des élections générales malgré le véritable effroi que ces élections lui inspirent. Quoi qu’il en soit, on peut être convaincu que l’œuvre accomplie par le parti libéral sous la direction de MM. Rogier et Frère-Orban ne saurait être compromise dans la péripétie politique à laquelle nous assistons, et que le peuple belge surmontera cette petite difficulté avec son bon sens ordinaire.

e. forcade.


REVUE MUSICALE.

Nous voilà presque à la fin de la saison où les théâtres lyriques produisent ordinairement ce qu’ils ont préparé de mieux pour les plaisirs du public, et nous sommes encore à attendre qu’ils donnent autre chose que les ouvrages qui composent leur ancien répertoire. Quelle peut être la cause d’une stérilité qui étonne d’autant plus que jamais les amateurs de bonne musique n’ont été plus nombreux et plus empressés à se rendre où