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de paquebots récemment créées, et il est d’un heureux augure que cette création ait coïncidé avec la réforme économique et commerciale dont nos colonies viennent d’être dotées. Le nouvel état de choses fonctionne depuis trop peu de temps pour que l’on en puisse apprécier les résultats ; mais ce que l’on peut dire dès aujourd’hui, c’est que l’expérience de travail libre et de libre échange que nous allons tenter aura probablement plus de portée que n’en comporte le faible développement territorial de la Guadeloupe et de la Martinique, car c’est le nom de la France, et non-seulement celui de deux petites îles, qui sera mis en cause. Que l’on nous permette un inoffensif château en Espagne. Supposons que dans quelques années une administration sage et ferme, unie à une liberté tempérée, ait ramené dans nos colonies la richesse et le crédit, qu’une nombreuse population de travailleurs y soit venue chercher la facile existence qu’assure le climat des tropiques ; supposons, en un mot, qu’environnées du prestige qui s’attache à la métropole, ces possessions aient reconquis le rang auquel elles ont droit : je l’avoue, si alors la république haïtienne, instruite par cet exemple, revenait à nous de son libre mouvement, si, fatiguée de son impuissance et de ses misères actuelles, elle demandait à la mère-patrie à renouer des liens qui ne seraient désormais pour toutes deux qu’un gage d’avenir et de prospérité, nous pourrions à bon droit être plus fiers de ce succès que du gain d’une bataille. Nul palais au monde ne vaudrait ce château en Espagne.


ED. DU HAILLY.