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la plaine ressemblent aux Malais et aux Bugis par leur aspect physique, ceux de l’intérieur ont une ressemblance frappante avec les tribus montagnardes de Menado et de Célèbes (Tourajas), avec les tribus de Bencoolen dans l’île de Sumatra, et avec les naturels de Nias et de Poggi. J’ai déjà mentionné la ressemblance qu’ils présentent avec les Timoriens les plus clairs. »

Toutes les populations mentionnées ici appartiennent à cette portion des races malaisiennes qui se rapprochent du type blanc, et par cela même du type polynésien tel que nous l’avons décrit. S’il restait des doutes à ce sujet, les passages suivans du même voyageur les lèveraient à coup sûr. En parlant des habitans de Bornéo, il dit : « Quant aux Dayaks, dès mes premiers rapports avec eux, je n’ai pas douté qu’ils ne soient Polynésiens ; malheureusement, lorsque j’eus reconnu que le dialecte des Dayaks était décidément polynésien, je ne me donnai pas la peine d’en recueillir un vocabulaire. » Au sujet des Timoriens, et tout en faisant des réserves relativement au mélange de certaines tribus avec la race nègre (papoue), il s’exprime en ces termes : « C’est évidemment une race polynésienne pure, ressemblant extrêmement à la race brune des îles de la Mer du Sud[1] par les coutumes, le langage et les caractères personnels[2]. »

Dans les deux passages que j’ai cités, on voit la linguistique et les caractères physiques conduire à la même conclusion. C’est là un fait capital et qui ne permet pas de conserver de doutes sur la réalité des rapports ethnologiques que nous cherchons à faire ressortir. La linguistique présente même ici un avantage sur l’étude physique ; elle permet de suivre ces rapports bien plus loin, de les reconnaître en dépit des distances et des modifications diverses imprimées aux populations par le mélange des races et la différence des milieux. Cette étude a été entreprise par divers auteurs, et toujours elle a conduit à un résultat bien fait pour mériter toute notre attention : c’est que toutes les langues parlées de Madagascar à l’île de Pâques et de la Nouvelle-Zélande aux Sandwich par les insulaires autres que les nègres forment une seule famille linguistique, celle des langues malayo-polynésiennes ; mais à son tour cette famille se

  1. Resembling very closely the brown race of the south sea islands.
  2. Une note de l’ouvrage de Prichard nous apprend qu’il tient de M. Earle lui-même qu’à l’extrémité nord-est de Timor il existe un village dont les habitans ont le teint plus clair que les Polynésiens en général. Quelques individus ont les cheveux roux, et Earle en a remis un échantillon à l’auteur que je cite. Cette observation rappelle celle de Wallis.