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par l’échange facultatif des billets en espèces, qui à lui seul suffira pour poser une digue au débordement de la monnaie fiduciaire et pour obliger l’administration à compter avec les ressources réelles du pays.

Telles étaient les considérations sur lesquelles s’appuyait M. Lamanski quand il demandait que le gouvernement déclarât solennellement qu’il renonçait à tout jamais à mettre des billets en circulation pour subvenir aux besoins du trésor. Il est vrai que cette promesse avait été faite inutilement déjà et par l’empereur Alexandre Ier et par l’empereur Nicolas : serait-elle mieux tenue aujourd’hui ? Une mesure plus sérieuse et la seule efficace consisterait dans l’échange assuré des billets contre espèces. M. Lamanski proposait de le garantir par le dépôt métallique de la forteresse, qu’il évaluait à 100 millions de roubles (chiffre au-dessus de la réalité), et qu’il voulait compléter par la faculté donnée à la banque d’aliéner suivant les nécessités les domaines, forêts, usines, fabriques et chemins de fer appartenant à l’état. Moyennant ces ressources et une organisation de la banque, transformée en société d’actionnaires et munie pour vingt-huit ans du privilège de l’émission des billets payables à vue, M. Lamanski demandait la reprise immédiate du remboursement des billets de l’état en suivant une échelle de prix ainsi fixée : le point de départ aurait été, non pas le cours légal de la demi-impériale d’or (5 roubles 15 kopecks), mais la valeur du jour. Pendant toute l’année 1862, la banque l’aurait échangée contre 5 roubles 70 kopecks en papier, pendant les six premiers mois de 1863 contre. 5 roubles 50 kopecks, pendant le second semestre contre 5 roubles 35 kopecks, pendant l’année 1864 contre 5 roubles 25 kopecks ; à partir du 1er janvier 1865, la demi-impériale aurait été délivrée au prix du cours légal, contre 5 roubles 15 kopecks.

L’idée-mère du système de M. Lamanski, le remboursement en espèces d’après une échelle mobile, ne tarda pas à être appliquée, sans que le gouvernement mît en pratique les autres indications de son mémoire. Un emprunt de 15 millions de livres sterling fut contracté en titres 5 pour 100, et une décision impériale du 4 avril 1862 en destina le produit à fortifier l’encaisse métallique de la Banque, qui s’élevait à 79 millions en or et en argent et à 12 millions en inscriptions de rentes. Les billets reçus en échange des sommes provenant de l’emprunt devaient être immédiatement détruits, et la Banque de l’État ne devait plus émettre de billets nouveaux que contre espèces d’or et d’argent ou en échange d’anciens billets. Le ministre des finances ordonna, le 25 avril 1862, que le remboursement en numéraire aurait lieu dans des conditions ainsi déterminées : il commencerait le 1er mai 1862, et l’on fixait à 5 roubles