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LA
CHAMBRE DE L'ARSENAL
D'APR7S DES DOCUMENS INEDITS
(1679-1682)

Les annales judiciaires des peuples contiennent souvent des enseignemens que l’histoire aurait tort de dédaigner. Alors même qu’il s’agit de personnalités exceptionnelles et de crimes dont l’étrangeté repousse toute conclusion systématique, les révélations de certains procès permettent de saisir en quelque sorte sur le fait des tendances, des mœurs, des passions, qui, sans les circonstances violentes où elles sont amenées sur la scène, resteraient à peu près inconnues. Grâce aux enquêtes, aux informations de la justice, et surtout aux dénonciations des accusés, la lumière, une lumière éclatante et parfois effrayante, se fait tout à coup autour de personnages et dans des milieux qui n’avaient jusque-là inspiré aucune inquiétude. Chaque pays est sujet, en proportion de la vitalité et des passions qui lui sont propres, à ces secousses qui dans l’ordre moral rappellent l’action des tremblemens de terre dans le monde physique. En France, le règne le plus majestueux et en apparence le mieux ordonné, le plus correct, il faut dire aussi l’un des plus longs, le règne de Louis XIV, n’a pas compté moins de quatre procès, ceux de Fouquet, du chevalier de Rohan, de la marquise de Brinvilliers et de la Voisin, qui ont été de véritables événemens historiques. Les deux premiers, essentiellement politiques et dont le retentissement fut considérable en Europe, sont maintenant bien connus dans toutes leurs parties. Le procès de la marquise de Brinvilliers