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le sable le plus stérile, à moins que ce sable même ne vienne à lui être disputé par une population trop dense.

Le système de culture de la Veluwe ressemble à celui de la Drenthe, quoiqu’un peu plus avancé. Le type de l’ancien assolement triennal, seigle d’été, seigle d’hiver et sarrasin, domine encore ; cependant il est déjà fréquemment modifié par la culture de l’avoine et des carottes et par celle des navets et de la spergule en récolte dérobée. La préparation des engrais repose toujours sur l’emploi des mottes de bruyère, plaggen ; mais, comme la Veluwe est entourée de tous les côtés de terres basses qui produisent du foin en abondance, les cultivateurs peuvent s’en procurer non moins que ceux du Salland. Il en résulte que le bétail est aussi bien nourri l’hiver, et qu’il donne d’assez abondans produits. Le sobre mouton est l’animal qui convient ici : il se contente de la maigre végétation que lui offre la lande, et le puissant engrais qu’il donne est précieux pour les terres en culture. La Veluwe a une race particulière, le Veluw schap, petite, légère et à longue queue. L’engraissement des veaux est aussi pratiqué dans plusieurs villages, surtout le long du Zuyderzée, à Nykerk, Nunspeet, Ermelo, Elburg et Putten. Enfermé dans une cage étroite qui ne lui permet aucun mouvement, le jeune animal est nourri uniquement de lait ; au bout de douze ou treize semaines, il pèse 60 ou 75 kilogrammes, et rapporte ainsi à la fermière une jolie somme en très peu de temps. Nulle part, dans les Pays-Bas, la terre n’a plus rapidement augmenté de valeur que dans ce district stérile, si longtemps négligé. Les capitalistes des riches cités de la région basse ont vu les profits que peuvent donner des améliorations rurales bien conduites, et, comme la distance n’était pas trop grande, ils ont acheté des terrains incultes pour les mettre en rapport. Les bruyères se vendent aujourd’hui très cher et bien au-delà de leur valeur réelle, c’est-à-dire de 100 à 200 francs l’hectare. Je ne citerai qu’un exemple de cette plus-value, emprunté à des sources officielles. En 1842, huit communes achetèrent à l’état 24,000 hectares de bruyère pour 19,000 florins, et en 1854 elles en revendirent 8,000 pour 77,000 florins. En douze ans, le prix de la terre avait donc décuplé, et l’on peut affirmer, sans crainte d’erreur, que depuis lors il a encore quintuplé.

On a vu comment le travail a rendu productive la lande la plus rebelle ; il est cependant certaines parties de la région haute qui semblent défier tous les efforts : ce sont les dunes de sables mouvans qui s’avancent de l’ouest à l’est sous la pression du vent dominant. La Veluwe seule en compte encore plus de 10,000 hectares, la Drenthe et l’Over-Yssel doivent en avoir à peu près autant. C’est un total de 20,000 hectares non-seulement tout à fait improductifs, mais qui menacent de recouvrir et de stériliser à jamais des terres