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d’avis de donner satisfaction au désir d’être envoyé à la Tour que semble éprouver le membre qui occasionne ce débat. Cela le rendrait trop considérable. » Sir William Wyndham n’eut à subir qu’une réprimande de l’orateur, mais Bolingbroke et Ormond furent mis en accusation et frappés d’attainder (1715). Ils avaient eu la prudence de mettre la mer entre leurs ennemis et eux, et ils ne moururent ni l’un ni l’autre de la main du bourreau. Moins heureux, deux des seigneurs qui prirent part à la levée de boucliers que firent les jacobites en 1715, les lords Derwentwater et Kenmure, portèrent leur tête sur l’échafaud ; vingt-deux rebelles d’un rang inférieur furent pendus dans le Lancashire, et quatre à Londres ; beaucoup d’autres furent assez sommairement fusillés (1716). De barbares restrictions déshonorèrent « l’acte de grâce et de libre pardon rendu un an après. » Cet acte exceptait formellement de l’amnistie « toute personne du nom et du clan de Mac Gregor, » ce qui n’empêchait pas un écrivain whig de s’écrier avec enthousiasme que « la clémence du roi George Ier surpassait celle de Dieu lui-même. » Les temps étaient rudes. En 1720, on pendit un apprenti de dix-neuf ans, John Matthews, pour avoir imprimé un pamphlet à l’honneur du prétendant. Le public était aussi dur que le pouvoir. En 1721, lors de la chute des actions de la compagnie des mers du sud, la foule, non contente de voir les directeurs de la compagnie chassés du parlement, dépouillés de leurs biens, honnis et conspués, demanda leur mort à grands cris, et Walpole, appelé à la direction des affaires pour conjurer l’orage, eut quelque mérite à ne pas inaugurer son ministère par la pendaison de quelques agioteurs. Son administration, relativement très humaine, contribua beaucoup à l’adoucissement des mœurs politiques en Angleterre. Plusieurs de ses antagonistes étaient en relations avec le prétendant, leur tête était à sa merci. Il n’eut pas recours à l’échafaud pour se débarrasser de leurs incommodes et injurieuses attaques ; mais en même temps qu’il était assez généreux pour ne pas éclaircir violemment les rangs de ses adversaires, il était assez égoïste pour grossir l’armée des Stuarts en fomentant les rancunes du roi contre le parti qui ne pouvait pas se dire hanovrien de la veille. Sans avoir vu avec plaisir l’établissement de la dynastie allemande, la plupart des tories auraient accepté volontiers la maison de Hanovre, si elle ne les avait pas traités en ennemis. Fort mal accueillis à la cour et systématiquement exclus, non-seulement des grandes charges que le parti dominant a le droit de se réserver, mais même des fonctions locales qui appartiennent naturellement aux grands propriétaires, ils s’habituèrent à regarder la maison régnante comme incompatible avec eux, et par leur hostilité tantôt bruyamment factieuse, tantôt souterraine,