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sensible la rapidité de l’évolution ; mais ce n’est pas un défaut dont on doive tenir compte dans la pratique.

Tels sont les navires qui composaient la division d’essais. Il ne sera que juste d’ajouter que le Solferino et le Magenta, comme l’Invincible et la Normandie, comme le Napoléon, sont les œuvres propres d’un ingénieur, M. Dupuy de Lôme, qui était qualifié « le plus habile constructeur de navires de guerre qui soit en Europe, celui dont les succès ont été si remarquables, » dans un document distribué par ordre de la reine d’Angleterre à la chambre des communes et signé par le controller of the navy, l’amiral Spencer Robinson ; the most able designer of ships of war in Europe, whose success has been so remarkable[1].


II

Le 27 septembre, à une heure de l’après-midi, l’escadre sortait des passes de Cherbourg, allant à la recherche de l’un de ces coups de vent qui éclatent presque toujours aux environs de l’équinoxe, et qu’elle allait rencontrer plus tôt peut-être qu’elle ne l’eût désiré. Non-seulement ses équipages n’étaient pas au complet, en moyenne il leur manquait un tiers du nombre réglementaire, mais de plus ils venaient à peine d’être formés ; beaucoup d’hommes étaient tout à fait étrangers aux nouveaux modèles des navires sur lesquels on les embarquait ; un certain nombre des mécaniciens, même parmi les maîtres, n’avaient jamais vu d’appareils semblables à ceux qu’ils allaient avoir à diriger.

Il n’aurait pas nui à tout le monde d’avoir quelques jours de beau temps devant soi pour se reconnaître. Dès le 28 cependant, la mer se faisait assez grosse et la brise fraîchissait avec assez de force pour que les navires qui passaient en vue de la division fussent tous sous voilure de gros temps. On eut une embellie le 29, la mer tomba et resta seulement très houleuse ; les vents mollirent, mais en faisant presque du matin au soir tout le tour du compas, depuis le nord-ouest jusqu’à l’est, en passant par le sud. C’était l’indice presque infaillible du temps qui allait survenir le lendemain, et du coup de vent qui se déchaîna dans toute sa violence pendant la nuit du 30 septembre au 1er octobre, en se fixant au nord-ouest. L’escadre, qui était d’abord venue reconnaître les feux d’Ouessant et avait ensuite repris le large en se dirigeant vers les îles Sorlingues, c’est-à-dire en marchant à la rencontre du coup de vent,

  1. Voyez Statement relating to the advantages of iron and wood, presented to Parliament by her Majesty’s command, ordered by the House of commons to be printed, 3 mars 1863, page 3.