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mais qu’il aura devant les yeux comme le seul guide sûr les relations permanentes à établir entre les parties de la monarchie collective et l’objet qu’il doit se proposer de fortifier l’union de ces parties dans un tout. Une fois rassurée sur ce point, sa majesté ne tardera pas, conjointement avec les autres puissances amies, à faire ses efforts afin d’assurer cette union par la garantie internationale d’une succession commune. » Tels étaient les points importans de son commentaire auxquels l’Autriche voulait que le Danemark se liât par un consentement obligatoire. Ce consentement fut donné le 29 janvier 1852 dans les termes suivans d’une dépêche de M. Bluhme. « Dans ces circonstances, disait le ministre danois, c’est avec une satisfaction particulière que, conformément à l’autorisation qui m’a été donnée par le roi, je fais ici cette déclaration : le roi, notre très gracieux maître, reconnaît comme conforme à la sienne l’interprétation de ses intentions communiquées aux cours de Vienne et de Berlin qui est contenue dans la dépêche du cabinet autrichien du 21 décembre 1851 et son annexe, — à la fois dans sa teneur générale et en particulier sur le point relatif à la non-incorporation du Slesvig au royaume. » Quelques mois après, la Prusse et l’Autriche signaient le traité de Londres réglant la succession pour l’ensemble de la monarchie danoise.

Nous venons de résumer tout ce qu’il y a d’essentiel dans ce que l’on appelle les engagement de 1851-1852. On voit en quoi ces engagemens consistent : pas d’incorporation du Slesvig au Danemark proprement dit, mais pas d’union constitutionnelle administrative entre le Slesvig, sur lequel la confédération germanique, de l’aveu de l’Autriche, n’a jamais eu de compétence légale, et le Holstein, qui fait partie de la confédération ; promesse d’institutions locales distinctes pour les duchés, mais en même temps droit invoqué par le Danemark et reconnu par l’Autriche de relier les diverses parties de la monarchie au centre commun par une connexion constitutionnelle homogène ; réserve faite par l’Autriche, au nom de l’Allemagne, pour que dans le tout aucune partie ne soit subordonnée à l’autre ; en même temps conseil insinué par l’Autriche ultra-réactionnaire de cette époque de ne point conformer l’institution commune aux institutions si profondément libérales dont jouissait la nation danoise proprement dite. — Voilà les engagemens de 1851-1852. L’Allemagne en soumettant le Holstein à l’exécution fédérale, l’Autriche et la Prusse en se saisissant du Slesvig comme gage, prétendent que le Danemark n’a point exécuté ces engagemens ; la confédération infère de la non-exécution de ces stipulations par le Danemark la déchéance du traité de succession, auquel d’ailleurs la diète n’avait point adhéré. Les puissances allemandes, la Prusse surtout, donnent à entendre que la résistance opposée par le Danemark à l’invasion du Slesvig met en question la validité du traité de 1852 ; mais, lors même que ces deux puissances n’iraient point jusqu’à répudier les signatures qu’elles ont apposées à ce traité, il resterait à savoir comment elles entendent la fidèle exécution des engagemens de 1851. Si l’on en juge par