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dans son atelier de brillans disciples, et qui a peint l’hémicycle de Notre-Dame-de-Lorette, une salle de l’Hôtel-de-Ville, l’abside de Saint-Vincent-de-Paul, par un glorieux partage avec M. Flandrin ; Vinchon (prix de 1814), qui contribua à remettre en vigueur la peinture à fresque par ses études et ses recherches, décora la chapelle de Saint-Maurice à Saint-Sulpice, et l’emporta même sur Paul Delaroche dans le concours qui fut ouvert pour le tableau de Boissy d’Anglas ; Alaux (1815), le peintre de nos États-Généraux à Versailles, du portrait de Rantzau, le restaurateur habile et dévoué qui a rendu à l’art un service inestimable en sauvant de la ruine la salle de Henri II à Fontainebleau ; Léon Cogniet (1817), professeur aimé de la jeunesse, réputé pour ses beaux portraits, l’auteur du Départ des volontaires, de Bonaparte en Égypte (plafond du Louvre), du Tintoret peignant sa fille morte, œuvre qui lui a conquis une si grande popularité ; Michallon (1817), dont les paysages ont eu de l’éclat ; Auguste Hesse (1818), quia décoré la chapelle de la Vierge à Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, et peint à Notre-Dame-de-Lorette l’Adoration des Mages ; Court (1821), qui a représenté la Mort de César et fait de grands portraits d’apparat ; Larivière (1824), qui occupe une place importante au musée de Versailles ; Signol (1830), qu’honorent ses belles peintures de Saint-Eustache, et dont la Femme adultère a été répandue par d’innombrables gravures.

Je ne dois citer ici qu’un trait de chaque artiste, le trait par lequel il a frappé l’attention publique. Le danger des expositions est d’assurer la vogue aux tableaux de chevalet et de faire oublier les peintures plus graves et plus vastes qui ornent nos monumens ; mais l’histoire n’oubliera pas que la génération qui partit pour Rome depuis 1801 jusqu’en 1832 a contribué puissamment au progrès de l’art, qu’elle s’est inspirée des beaux modèles de peinture décorative que lui offrait l’Italie, qu’elle en a rapporté des aspirations élevées et de fortes traditions, qu’elle a doté son pays d’œuvres durables et de leçons fécondes, qu’elle a couvert de peintures nos palais, nos musées, nos églises. C’est là qu’on doit chercher chaque maître et le juger, de même que, pour retrouver l’ensemble de l’école bolonaise et sentir son mérite, il faut parcourir les églises et les palais de Bologne. Les peintres qui revenaient de Rome n’étaient pas seulement capables de seconder les vues du gouvernement et d’embellir nos villes ; ils avaient le goût de l’enseignement, ils développaient les principes de l’école de David en les ramenant de plus en plus vers l’étude de la nature, ils formaient une nouvelle génération d’artistes, ils exerçaient une influence heureuse sur leurs rivaux et même sur leurs adversaires, qui, piqués d’émulation, se sont appliqués aussi à peindre nos édifices. Or la peinture décorative, si