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LES
ANTILLES FRANCAISES
EN 1863
SOUVENIRS ET TABLEAUX.

I.
LA VIE CREOLE. - LE TRAVAIL LIBRE ET L'EMIGRATION.

C’est un curieux et touchant spectacle que celui de la vie coloniale dans quelques-unes de ces possessions d’outre-mer conservées en trop petit nombre à la France, et traitées par elle bien souvent avec un injuste dédain. Il n’est pas nécessaire d’être un bien grand économiste pour deviner que, sans exagérer l’importance des îles sur lesquelles nous voudrions réunir ici quelques souvenirs, il faut en tenir plus de compte assurément qu’on ne le fait aujourd’hui, ne fut-ce qu’en raison de l’indestructible et profond attachement qui les unit à la métropole. Comme l’enfant que la mère sent tressaillir dans son sein, nos colonies des Antilles vivent de la vie de la mère-patrie, elles en sont le fidèle reflet : nulle part nos succès ne sont plus sincèrement acclamés, nos revers plus vivement sentis, et, loin de s’affaiblir avec le temps, le souvenir d’une commune origine semble y devenir d’année en année plus vivace. Ce n’est pas tout : indépendamment de considérations patriotiques qui touchent peu certains esprits, les Antilles françaises offrent un champ d’études d’un intérêt tout spécial. Ce riche archipel, où flottent les pavillons de toutes les nations maritimes d’Europe, offre aux divers systèmes