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FREDERIQUE
SUITE DU CHEVALIER SARTI

III.
UNE SOIREE À SCHWETZINGEN.


I

Quelques jours après la représentation du Freyschütz, le chevalier Sarti retourna à Schwetzingen, attiré cette fois par les inquiétudes de son propre cœur autant que par les sollicitations toujours pressantes de Mme de Narbal. La maison de la comtesse avait repris un aspect paisible. Le petit voyage qu’on venait de faire à Manheim était un événement dont on ne cessait de s’entretenir. Les trois cousines en avaient rapporté un sentiment plus vif de curiosité pour le chevalier, dont la solitude relative où elles se trouvaient leur faisait mieux apprécier le mérite. Dans la maison hospitalière de Mme de Narbal, entre le vieux maître de chapelle Rauch, le bon M. Thibaut et le conseiller de Loewenfeld, sec, prétentieux et malveillant, le chevalier, qui avait la tenue soignée d’un homme du monde, une grande jeunesse d’esprit et de cœur, était tout naturellement l’objet d’une prédilection facile à concevoir. Il n’avait pas à lutter contre la présence de jeunes gens qui, avec plus d’éclat, auraient eu aussi des prétentions plus légitimes à fixer l’attention des trois héritières.