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pas moins entre eux par l’homogénéité des sujets. Le Triomphe du Christ, c’est-à-dire la traduction par le pinceau des paroles d’Isaïe : « Il sera législateur, sauveur, roi et juge, » tel est le thème qu’a choisi M. Roger et qu’il a développé avec autant de clarté dans les termes que de grave bonne foi dans les intentions. Le premier de ces tableaux, celui qui fait face à la nef, réunit dans une association mystique les figures du Christ, de l’église et de saint Roch ; le second, consacré à l’image des miséricordes du Sauveur, personnifie le mystère de la rédemption dans la figure de Jésus montrant ses plaies, tandis que des anges portant des attributs symboliques promettent la vie et les récompenses éternelles à ceux qui auront crû et aimé. Dans les troisième et quatrième tableaux enfin, le Roi, le vainqueur de la mort, va s’asseoir à la droite du Père éternel, et le Juge, entouré des ministres de sa clémence ou de sa colère, appelle le monde au divin tribunal.

Pour compléter le sens des compositions qui ornent la coupole et aussi afin d’en mieux déterminer l’effet pittoresque, quatre groupes d’anges placés dans les pendentifs correspondent aux intentions que chaque sujet résume, et donnent une base solide à ces images presque immatérielles. Les fonds d’or sur lesquels se dessinent les figures dont nous parlons, les tons vigoureux ou éclatans des draperies qu’elles portent, et qui, alternant d’un pendentif à l’autre, assurent d’autant l’équilibre du coloris, — cette zone de couleurs concentriques pour ainsi dire et de représentations voisines de la réalité ajoute par le contraste à la diffusion de la lumière et des teintes, à la sérénité idéale des apparences dans la partie supérieure du travail. Supprimez telle draperie verte ou bleue dont la nuance un peu âpre, mais violente à dessein, étonne peut-être au premier aspect, et le ciel qu’on aperçoit à quelques mètres plus haut perdra certainement de sa limpidité ; les figures auxquelles il sert de fond prendront, pour la place qu’elles occupent, ou trop de saillie ou trop d’intensité dans le ton. Grâce aux oppositions ou aux rapports ménagés, tout se tient, toutes les parties se relient entre elles, et si quelques-unes peuvent être préférées à d’autres, si l’on éprouve par exemple une juste prédilection pour la figure de femme personnifiant la religion, — figure excellente dont l’attitude, l’ajustement et le coloris ne dépareraient pas le tableau d’un maître, — ce n’est pas que les morceaux environnans aient au fond un rôle moins nécessaire, c’est seulement que le peintre en a volontairement diminué l’importance pour mettre d’autant mieux en relief et en vue les points principaux de sa composition.

Sans doute, en dehors de ces combinaisons légitimes, on pourrait noter dans les peintures de Saint-Roch des inégalités, des imperfections.