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l’intérêt que la grandeur même de la tâche, elles appelleraient encore par là les regards de tous ceux que préoccupe l’honneur de notre école en dehors des menues entreprises et des faciles succès.

L’ensemble du travail de M. Roger se compose de la coupole proprement dite et des quatre pendentifs compris entre les arcs qui s’ouvrent sur les bras de la croix, sur la nef et sur le chœur. À ne considérer que la disposition architectonique et l’élévation médiocre, des piliers supportant la coupole, les conditions matérielles étaient ici plus favorables qu’elles ne l’avaient été dans les cas précédens. Point d’espace démesuré entre l’œil du spectateur et la peinture ; point d’exiguïté non plus dans les lignes environnantes, ni de ces formes étranglées qui, dans l’église des Carmes par exemple, gênent l’aspect général et font des murailles inférieures d’un dôme une sorte de télescope dont la calotte est l’objectif. En revanche, si l’on tient compte de l’entre-croisement de la lumière directe et des reflets, des jours en sens opposés que répandent sur la coupole de Saint-Roch les fenêtres percées pour éclairer d’autres parties de l’église ; si, en se plaçant, soit dans la nef, soit dans l’un des bras de la croix, on promène ses regards des murs blancs, qui s’élèvent de tous côtés, aux verrières ou aux tableaux dont les couleurs scintillent çà et là et compromettent d’autant l’unité de l’effet, — on appréciera les obstacles que l’artiste avait à vaincre pour assurer à son œuvre un relief suffisant sur le reste, sans l’isoler pourtant plus que de raison de ces voisinages contraires et de ces différens milieux. Ajoutons que par la distribution même et l’éloignement des fenêtres d’où le jour vient glisser aujourd’hui sur la coupole débarrassée de ses échafaudages, le travail a dû s’accomplir dans une demi-obscurité ou tout au moins avec le secours d’une lueur furtive, d’autant plus équivoque qu’elle arrivait de bas en haut, et que par conséquent les couleurs étendues sur la palette ne recevaient rien des rayons qui en éclairaient le dessous. Nous insistons sur ces détails, non pour y trouver des excuses à des erreurs commises, mais pour indiquer au contraire la justesse des calculs en vertu desquels les erreurs ont été évitées. Sans doute, dans l’examen d’une œuvre d’art, la valeur intrinsèque des résultats importe bien autrement que le souvenir des peines que cette œuvre a pu coûter, et là aussi la durée des efforts préalables, « le temps, si l’on veut, ne fait rien à l’affaire. » A mérite égal du moins, deux tableaux exécutés dans des conditions différentes autoriseront une inégale estime, et la préférence sera légitime pour celui qu’il aura fallu peindre en dehors des facilités ordinaires et des ressources que procure l’atelier.

Au surplus, toutes les difficultés ne venaient pas des incertitudes