son nom, de ne correspondre qu’avec moi, et de rester en Allemagne au moins un an.
Quel bonheur ! lui si généreux dans la prospérité ! si fier dans la détresse ! car à présent je puis vous le dire, peu de temps avant sa disparition, avertie par Dubois de sa ruine, je lui avais offert de partager une fortune qui est la sienne, puisqu’elle est acquise tout entière par le talent que je lui dois; mais il m’avait repoussée avec indignation. C’est la seule fois peut-être qu’il se soit montré dur et hautain avec moi.
Ce n’est pas tout : en Allemagne, le nouveau comte Herman s’est épris de Mlle de Blümenthal, et l’a épousée.
Pompée marié!... Je n’aurais jamais cru...
Marié, et chaque jour plus amoureux de sa femme : le mieux me semble donc que vous renonciez à le voir;
Noirmont a raison : zé souis soure que ça te fera mal.
Mon Dieu ! vous savez bien que je suis habituée à ses infidélités ! Après deux ans de séparation, je retrouve le seul homme que j’aie aimé; je sais qu’il est là, peut-être à deux pas de moi, et vous me proposez de partir sans l’avoir vu, sans m’être assurée par moi-même qu’il existe! Cela est au-dessus de mes forces. Je ne demande que la faveur de lui parler un instant; pour l’obtenir, je m’adresserais à sa femme elle-même.
Après tout, il vaut peut-être mieux... (Haut.) Vous êtes bien décidée?
Oui, cent fois oui !
Et vous me jurez jusqu’à votre départ une obéissance absolue?
Comptez sur ma parole.
En ce cas, venez toutes les deux avec moi.
Viens, nous serons bien ici.
Comment, monsieur Dubois, vous avez apporté un violon?
Il le faut bien pour te donner une leçon de danse.