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dira-t-on, n’y a-t-il donc rien à faire? Il y a surtout, ce semble, à se préserver des illusions qui ont fait de cette entreprise du Mexique un enchaînement de surprises et de malentendus. La première erreur a été, tout au commencement, de ne point préciser les vraies conditions et le sens de l’action collective qui se nouait entre les trois puissances, et c’est l’erreur de tous. Une seconde faute a été, lorsqu’on s’est vu engagé, de n’avoir point des forces suffisantes pour atteindre rapidement le but de l’intervention, et c’était la conséquence de ces assurances trompeuses qui provoquaient les justes récriminations du général de Lorencez. Une dernière erreur serait de se laisser entraîner au-delà de ce qu’on a fait en souscrivant à toutes ces conditions de garanties, d’occupation indéfinie, en acceptant ce rôle de sentinelles autour d’un trône élevé sur notre passage. Notre armée a fait son œuvre comme elle fait toujours, avec une intrépidité héroïque et pleine d’abnégation : c’est à la politique de faire la sienne en se dégageant sans plus de retard et avec une sage hardiesse des solidarités compromettantes qui pourraient devenir pour elles la source de complications nouvelles, en précisant nettement la limite de son action. Le meilleur parti aujourd’hui est d’en finir en laissant enfin le Mexique libre de se réorganiser, de se reconstituer dans des conditions de prospérité et d’indépendance auxquelles nous aurons concouru, mais qui ne seraient qu’une apparence trompeuse, un piège, si elles avaient besoin, pour se maintenir, de la protection permanente d’un drapeau étranger, fût-ce le drapeau désintéressé et glorieux de la France.


CHARLES DE MAZADE.