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faire encore à Mexico. Tout consistait pour elle à savoir si elle pourrait être secourue, et si, par des sorties combinées avec des attaques du dehors sur nos lignes, elle pourrait rompre le cercle de fer et de feu qui de jour en jour étreignait de plus près la ville. C’était Comonfort qui, manœuvrant entre Mexico et Puebla, était chargé de tenter cette opération de secours dont l’éventualité n’avait point échappé au coup d’œil des chefs de l’armée française, et lorsque le 13 mai Comonfort, vigoureusement attaqué sur les hauteurs de San-Lorenzo par le général Bazaine, se voyait jeté en quelques heures de combat dans une déroute complète où disparaissait presque entièrement sa petite armée, il ne restait aucun espoir pour les défenseurs de Puebla.

La défaite de l’armée de secours, l’impossibilité désormais démontrée de communiquer avec l’extérieur ou de se frayer un passage à travers nos lignes trop bien gardées, paralysaient subitement la résistance, et dès le 14 mai le général Ortega essayait de négocier un armistice d’abord, une capitulation ensuite, pour tâcher au moins de se retirer avec son armée: Le général Forey n’acceptait rien qu’une reddition sans conditions, menaçant la garnison de la passer au fil de l’épée, si elle attendait l’assaut général, si elle ne se constituait pas simplement prisonnière après être sortie avec les honneurs de la guerre. De plus en plus cerné, Ortega crut avoir assez fait. Il fit briser les armes, enclouer les canons, détruire les drapeaux, et se mit à la discrétion du général Forey. Il restait entre les mains de l’armée française 26 généraux, 225 officiers supérieurs, 800 officiers subalternes et à peu près 12,000 soldats prisonniers. Le général Forey aurait pu peut-être avoir plus tôt raison de la ville par des opérations autrement conduites, mais il ne serait pas arrivé à prendre l’armée mexicaine. La garnison de Puebla, de son côté, aurait pu sans doute se défendre encore, et l’énergie de la résistance ne laissait pas entrevoir un dénoûment si prompt, si éclatant, si complet; mais le feu du premier moment tombait de jour en jour. La défaite de Comonfort avait provoqué une véritable panique. L’abattement gagnait les malheureux Indiens transformés en armée pour soutenir une cause qu’ils ne comprenaient guère. On risquait de se trouver au premier moment sans combattans. Or, par la chute de Puebla, c’était évidemment le boulevard de la défense mexicaine qui tombait. C’est à Puebla que le gouvernement de M. Juarez avait accumulé tous ses moyens de résistance, et c’est là qu’il mettait tout son espoir. Les travaux de fortifications accomplis à la hâte et avec plus de bruit que d’efficacité à Mexico n’étaient qu’un simulacre, une sorte de représentation patriotique qu’on se donnait en forçant tout le monde à y prendre part. C’étaient des espèces d’ateliers