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directs de voyageurs et de marchandises, comme à l’établissement de voies nouvelles. Voilà ce qui frappe les yeux ; en fait, ce sont cependant les exigences accusées dès le principe par la discussion qui reçoivent une satisfaction complète. Point de méprise possible à ce sujet. Le trajet est raccourci, sinon de 45 kilomètres, du moins de 25, et même de 30. La plupart des points spécifiés dans les programmes sont dotés d’embranchemens, le souterrain de la Nerthe est dégagé, la gare de Marseille désencombrée ; enfin les régions de l’ouest et du centre sont rattachées à la Méditerranée par la ligne de Rhodez à Montpellier. Seul, le chemin par le littoral est mis à l’écart ; mais de bonne foi qui pourrait le regretter devant les résultats du libre examen et de la discussion ? Le moins qu’on puisse dire n’est-ce pas que ce tracé, injustifiable dans ses rapports avec le transit maritime actuel, était prématuré dans ses rapports avec les besoins des localités traversées ? Il aurait fallu que les lignes accessoires aujourd’hui concédées eussent par avance développé les ressources dans le bassin inférieur du Rhône, pour qu’on pût réunir quelques données positives sur l’avenir d’une telle œuvre. Ce n’est pas tout : il était nécessaire d’attendre que les entreprises déjà autorisées et celles qui allaient résulter des actes de 1863 fussent arrivées à leur terme avant de songer à consacrer à un raccourcissement qui n’épargnait plus qu’une vingtaine de kilomètres 50 ou 60 millions. « Quand vous avez de nombreux départemens, des territoires immenses qui n’ont pas de chemins de fer, disait avec raison devant le corps législatif l’un des commissaires du gouvernement à propos du chemin de Cette à Marseille, il ne faudrait pas que le gouvernement concédât des lignes parallèles l’une à l’autre[1]

Quoique les parties engagées dans cette longue contestation se fussent exagéré soit l’intérêt immédiat, soit la signification réelle du chemin du littoral, il y avait derrière les espérances ou les craintes trop facilement conçues des susceptibilités légitimes à ménager, des intérêts sérieux à sauvegarder, des idées vraiment fécondes dont le

  1. 6 mai 1863.