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FREDERIQUE
SUITE DU CHEVALIER SARTI

II.
UNE REPRÉSENTATION DU FREYSCHÜTZ.


I

Frédérique de Rosendorff était fille d’une sœur de Mme de Narbal. Née dans la ville d’Augsbourg, où elle avait passé son enfance, elle avait perdu de bonne heure son père et sa mère, qui l’avaient laissée sans fortune. Un oncle du côté paternel, riche et sans enfans, avait adopté Frédérique. Elle sortait à peine de l’adolescence, lorsque ses parens d’Augsbourg, qui n’avaient pas le temps de surveiller son éducation, l’adressèrent à Mme de Narbal, qui plusieurs fois leur avait témoigné le désir d’avoir cette enfant auprès d’elle. Frédérique avait tout au plus seize ans quand le chevalier Sarti fit la connaissance de la comtesse. D’apparence svelte, frêle et même délicate, elle était en réalité douée d’une constitution vigoureuse, et on pouvait être rassuré sur l’avenir d’une si charmante créature. On aurait dit un jeune roseau qui plie et résonne au moindre zéphyr, sans qu’on puisse craindre de le voir se briser avant l’heure. Elle était blonde, et sa riche chevelure se déroulait en boucles d’or sur un cou flexible d’une admirable élégance de contour. Une