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fournir des inspirations aux artistes[1], c’est de payer de bons dividendes. Les plus riches se groupent entre Camborne et Redruth, sur des collines qui s’élèvent de trois à quatre cents pieds au-dessus du niveau de la mer. Au bas de ces chaînes de collines se déroulent de fertiles vallées, en sorte que la terre se partage d’une manière plus ou moins inégale entre, les fermiers et les mineurs. La sombre nudité du sol se rencontre pour ainsi dire côte à côte avec la verdure la plus éclatante. Cependant la campagne elle-même est littéralement parsemée de cottages. Ces maisons blanches, tantôt seules, tantôt distribuées par groupes de deux ou trois, se montrent solidement construites en pierre, et servent de demeure aux titans des mines. Ceux-ci aiment assez, quand ils en trouvent l’occasion, à s’éloigner des villages ; c’est un moyen pour eux d’obtenir à bon marché une demi-acre de terre dont ils font un champ ou un jardin. Ce qui frappe le plus dans les districts de mineurs (mimngs districts), surtout à certaines heures de la journée, c’est la solitude. Tout annonce que la contrée est très peuplée, mais où sont les habitans ? Sous la terre. On ne rencontre guère sur les routes et dans les maisons que de vieilles femmes ou de petits enfans. Camborne et Redruth sont deux centres qui doivent toute leur importance au cuivre et à l’étain. De nouveaux quartiers ont surgi comme par enchantement depuis ces dernières années ; de longues rangées de maisons, toutes uniformes et présentant de loin l’apparence d’une caserne, s’étendent dans différentes directions autour de l’ancien noyau de la ville. Ces maisons, ainsi que me disait un Anglais, sont les champignons de la mine ; elles ont poussé là uniquement à cause du voisinage des travaux. Qu’on monte sur une colline, et l’on ne découvrira tout à l’entour que de grandes cheminées en forme d’obélisques, qui sont aux mines ce que le mât est aux vaisseaux. Quelques-unes sont des mines d’étain, d’autres des mines de cuivre ; le plus souvent encore elles fournissent l’un et l’autre métal. Il y en a qui présentent encore un caractère de grandeur et de poésie à cause de l’association avec les traits romantiques du paysage. Telle est celle de Carn-Brea, située près d’une colline nue et sévère, couronnée au sommet par d’immenses quartiers de roche aplatis et couchés les uns sur les autres, dont les antiquaires rapportent l’origine aux anciens druides, et les géologues aux convulsions de la nature. Près du sommet, un large rocher dentelé ou pour mieux dire digité est, selon les vieilles traditions du pays, la main pétrifiée d’un géant qui d’une seule enjambée atteignait Saint-Agnès, situé à cinq milles de Carn-Brea. Laissant le fabuleux pour la réalité, nous nous dirigeons vers la mine de Dolcoath (Dolcoalh mine), près de Camborne,

  1. Un des meilleurs peintres anglais prépare en ce moment même pour l’exposition prochaine un tableau représentant une des vues de Botallack mine.