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comment peuvent-ils se maintenir ? Ces structures, d’un caractère relativement fragile, semblent à chaque instant tout près de s’engloutir sous les masses énormes de roche qui surplombent. Ce n’est du reste point impunément que l’homme méprise le danger. Au moment où je visitai Botallack, le souvenir d’une catastrophe encore assez récente pesait comme un nuage sur les sublimes horreurs de cette mine. Neuf hommes et un enfant remontaient du fond des travaux souterrains dans un chariot (tram wagon), quand au moment où ils allaient atteindre la surface une chaîne se brisa, et ils furent tous précipités dans l’éternelle nuit. De tels accidens n’ébranlent point d’ailleurs la témérité des mineurs, et en dépit de désastres peut-être inévitables qui n’admirerait dans la mine de Botallack les grandeurs de l’industrie associées aux grandeurs de la nature ?

Non contens de s’introduire par des chemins détournés sous le lit de l’Océan, il y a quelques années des aventuriers poussèrent encore bien plus loin l’audace. Tout près de Penzance, dans une baie profonde (Mount’s bay), qui baigne la charmante promenade de l’esplanade, ils avaient ouvert la bouche d’une mine au sein même des vagues de la mer. Cette mine, connue sous le nom de Wherry mine, avait été commencée à sept cent vingt pieds du rivage, et les ouvriers travaillaient à cent pieds au-dessous de l’eau. L’entrée de la fosse (shaft) était dans l’intérieur même de la baie, et à chaque retour de la marée elle se trouvait enveloppée par les lames bouillonnantes. La partie supérieure du puits consistait en un caisson qui s’élevait à douze pieds au-dessus du niveau de la mer, debout au milieu des débris qu’on avait tirés des entrailles de la mine. Les mineurs descendaient ainsi à travers les flots dans le théâtre de leurs travaux souterrains ; l’eau suintait continuellement et tombait goutte à goutte du plafond des galeries, tandis qu’ils entendaient distinctement au-dessus de leur tête rouler le tonnerre des vagues. Une machine à vapeur avait été établie sur le rivage ; au moyen de tuyaux, elle communiquait avec l’intérieur de la fosse et pompait ainsi les eaux de la mine, qui, ramenées à la surface, se rejetaient bientôt dans la baie. Ces tuyaux passaient le long d’une plate-forme appuyée sur des piliers. Un jour il arriva qu’un vaisseau chassé par la tempête heurta contre cette plate-forme et emporta une partie de la construction. Le minerai de cuivre recueilli par cette entreprise hardie était de bonne qualité ; mais les frais d’extraction étaient énormes et mangèrent peu à peu les profits. Cette mine a donc été abandonnée. Elle a pourtant donné son nom à un faubourg de la ville qui s’appelle aujourd’hui Wherry-Town.

Toutes les mines n’ont point le même caractère dramatique. Ce que les entrepreneurs leur demandent n’est pas, on le devine, de