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FREDERIQUE
SUITE DU CHEVALIER SARTI

I.
MADAME DE NARBAL.

Vingt ans après la chute de Venise, l’homme dont l’inquiète jeunesse a été le sujet d’un premier récit[1], le chevalier Sarti, se trouvait en Allemagne. La mort de Beata et la ruine de sa patrie avaient changé le cours de sa destinée. Lorsque l’armée autrichienne vint prendre possession des états de la république de Saint-Marc, que lui avait livrés le grand coupable du traité de Campo-Formio, le chevalier, qui avait aussi perdu sa mère et que rien ne retenait plus dans l’admirable pays qui l’avait vu naître, se mit à voyager. Il parcourut la Grèce et une partie de l’Asie. Revenu en Europe, il se fixa en Allemagne aussitôt que les événemens politiques parurent menacer la stabilité de l’édifice impérial de Napoléon. Il prit une part très active au mouvement philosophique et national de la jeunesse allemande en 1813. Il chanta avec les étudians des universités les hymnes du poète Kœrner et les chœurs patriotiques de Weber, il s’inspira des doctrines idéalistes de Fichte contre l’oppression de l’étranger et de la force brutale. Les événemens de 1814 et l’écroulement de la fortune inouïe de Napoléon furent pour le chevalier Sartila

  1. Voyez la Revue du 1er janvier et du 15 août 1854, du 1er  et du 15 août 1855, du 15 avril et du 15 juin 1856.