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LE
DUC DE BROGLIE
SA VIE POLITIQUE ET SES ECRITS


I

Sous l’ancien régime, la dignité la plus éclatante, la plus enviée, était celle de maréchal. Alors comme aujourd’hui, cette nation belliqueuse estimait avant tout les services militaires. La maison de Broglie, d’origine piémontaise, venue en France au commencement du XVIIe siècle, avait atteint en 1789 le plus haut point d’illustration, parce qu’elle avait fourni coup sur coup trois maréchaux. Le premier, Victor-Maurice, qui n’avait encore que le titre de comte de Broglie, fit avec Louis XIV les campagnes de Flandre et de Franche-Comté en 1667, et 1668; il fut nommé ensuite commandant du Languedoc. Le second, François-Marie, prit une part glorieuse à la bataille de Denain, qui sauva la France. Ambassadeur en Angleterre, commandant général de l’Alsace, commandant en chef de l’armée d’Italie et de l’armée de Bohême, il fut fait duc en 1742. Le troisième, Victor-François, fut le héros de la guerre de sept ans : nommé maréchal à quarante-deux ans, gouverneur de Metz, ministre de la guerre, il avait reçu de l’impératrice Marie-Thérèse, après une bataille gagnée contre les Prussiens, le titre de prince de l’empire pour lui et ses descendans.

L’héritier de ces guerriers célèbres, Claude-Victor, fils du dernier maréchal, était en 1789 aux premiers rangs de cette jeune noblesse qui, avec La Fayette, Noailles, Montmorency, Crillon, La