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légers. Ce sont des moyens héroïques qui ne seraient pas admissibles dans un voyage au long cours, puisque la quantité de gaz et de lest dont on dispose est très limitée. Les inventeurs ont proposé plusieurs moyens de produire le même effet sans rien perdre de ce que l’on emporté. Tous ces moyens ont quelques avantages et beaucoup d’inconvéniens. Pilatre de Rozier perdit la vie dans un essai de ce genre, précipité sur les rochers de Boulogne. Il eut l’idée, assez heureuse en principe, mais téméraire dans l’application, de suspendre au-dessous de l’aérostat à gaz hydrogène qui l’enlevait un second ballon à air chaud, une véritable montgolfière de petite dimension, dont il pouvait régler le feu à volonté sans quitter la nacelle. Cette montgolfière, lorsqu’elle était chauffée, donnait à l’appareil tout entier un surcroît de puissance ascensionnelle et le faisait monter. Pour descendre, Pilatre la laissait refroidir. Il est à croire qu’il ne s’était pas entouré de toutes les précautions que commandait la prudence. Le feu prit à la montgolfière, fit détoner le réservoir de gaz inflammable qui était au-dessus; la nacelle, restée seule dans l’espace, retomba de tout son poids, et l’aventureux aéronaute périt dans la chute. Zambeccari, quelques années plus tard, voulut recommencer l’expérience; il eut aussi peu de succès, et succomba dans une troisième ascension par le même accident, après avoir couru de grands dangers les deux premières fois.

Meusnier, dont il a été question plus haut, proposait un procédé moins dangereux. Il voulait imiter la vessie natatoire du poisson, qui se gonfle ou s’affaisse au gré de l’animal, augmente ou diminue son volume, et par conséquent le rend plus léger ou plus lourd. L’effet que le poisson produit dans l’eau en comprimant ou en dilatant de l’air serait plus difficile à réaliser dans un milieu moins dense, tel que l’atmosphère. Il faudrait que la vessie eût des dimensions considérables. Aussi Meusnier donnait-il à son ballon une double enveloppe, et c’est dans l’intervalle qui les séparait qu’il refoulait de l’air au moyen d’une pompe placée dans la nacelle. Quoique aucune expérience n’en ait été faite, on peut douter que ce moyen soit d’une application pratique, car la manœuvre serait pénible et le résultat insuffisant. Le mouvement vertical ne s’opérerait qu’avec lenteur, ou peut-être même la puissance développée ne pourrait-elle faire équilibre aux autres forces qui tendent à faire monter ou descendre l’appareil. C’est du moins ce que le calcul semble démontrer. De plus, l’excès de tension donné au gaz intérieur pourrait être une cause de déchirure dans l’enveloppe. — D’autres encore ont proposé de comprimer le ballon lui-même au moyen d’un système de cordes que manœuvrerait l’aéronaute; mais il y aurait à craindre l’excès de tension et le frottement des cordes sur l’étoffe, qui l’userait sans contredit en un temps très court.