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Lorsque les ingénieurs aéronautiques sauront fabriquer des ballons imperméables et les gonfler d’hydrogène à bas prix, ils auront déjà réalisé d’importantes améliorations, et cependant ils auront à peine effleuré les questions préliminaires de la locomotion aérienne. Il faudra encore s’occuper de la forme qu’il convient le mieux de donner à la machine pour qu’elle puisse résister au vent et fendre plus aisément l’atmosphère. Conservera-t-on la forme sphérique de nos ballons vulgaires? C’est peu probable, quoique cette forme ait l’avantage de contenir le plus grand volume de gaz avec une enveloppe la plus petite possible. En général les corps destinés à pénétrer un milieu présentent une pointe ou une arête qui fend le corps à pénétrer, un renflement dont l’épaisseur dépend de la longueur totale, puis une extrémité arrondie. Telle est la forme des oiseaux dans l’air, des poissons dans l’eau, des navires dans la partie immergée, des balles cylindro-coniques que lancent les nouvelles armes perfectionnées. Les aérostats devront sans doute se conformer à ces lois communes à tous les corps flottans. Remarquons encore que la pression du gaz intérieur ne doit pas être sensiblement supérieure à la pression de l’air qui l’entoure, car, s’il en était autrement, l’enveloppe serait trop tendue et pourrait éclater. Aussi les aéronautes qui s’élèvent dans les couches supérieures de l’atmosphère, où la pression s’affaiblit d’autant plus que l’altitude est plus grande, ont-ils soin de gonfler partiellement leur ballon au départ ou d’ouvrir de temps en temps la soupape, afin que le gaz intérieur, trop comprimé, puisse s’échapper au dehors. Supposons toutes ces conditions remplies et tous ces perfectionnemens réalisés. C’est affaire de chimiste et de mécanicien; on peut admettre que ces problèmes ne sont pas insolubles. Il reste à voir quel service il sera possible d’obtenir d’une machine bien gonflée, bien légère, bien close : sera-t-elle capable de monter et de descendre à la volonté de celui qui la gouvernera? Suivra-t-elle la route que son pilote voudra lui imposer? Pour faire un raisonnement d’un usage fréquent dans la mécanique, décomposons la course aérienne d’un ballon en deux mouvemens : l’un dans le sens vertical, de bas en haut ou de haut en bas; l’autre dans le sens horizontal, dans la direction du but que l’on se propose d’atteindre. Si les ressources dont nous disposons permettent d’imprimer à l’aérostat l’un ou l’autre de ces mouvemens à volonté et successivement, il est clair que toutes les routes de l’océan atmosphérique seront ouvertes au navigateur.

Les aéronautes n’ont jamais eu qu’un procédé pour descendre : c’est d’ouvrir la soupape placée au sommet du ballon et de laisser le gaz s’échapper jusqu’à ce que la machine ait perdu l’excès de force ascensionnelle dont ils veulent se débarrasser. Veulent-ils remonter, ils jettent une partie de leur lest et redeviennent plus