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à faire plus que ces puissances, et ne pouvait aller au-delà de ce qu’elles voulaient faire. Ce qu’il y a de superficiel dans cet argument saute aux yeux. Dans un débat contre la Russie, entre la France, l’Angleterre et l’Autriche il n’y a parité ni d’intérêts, ni de moyens d’action, ni de périls. L’Autriche, qui n’est point un peuple ayant le point d’honneur national, qui n’est qu’une chancellerie et une armée maintenant laborieusement dans une cohésion précaire des élémens de races diverses et discordantes, qui supporte directement sur une longue frontière le poids de la Russie, ne saurait être assimilée, dans les devoirs créés à l’Europe par la question de Pologne, ni à l’Angleterre ni à la France. Il eût été nécessaire que la France fît preuve d’une grande netteté de résolution, se montrât prête au rétablissement de la Pologne de 1772, et donnât de grands gages à l’Autriche pour entraîner cette puissance dans une lutte décisive contre la Russie. Ne trouvant pas de sûretés du côté de l’Occident, l’Autriche qui ne peut demeurer longtemps compromise, se retournera vers la Russie. Ces retours humilians coûtent peu à la cour de Vienne : M. de Metternich en a mainte fois donné le spectacle. Il montrait d’intelligentes velléités de résistance à la Russie ; il se tournait, pour chercher un appui, vers Londres et Paris, puis, ne se voyant ni soutenu ni compris, il faisait galamment le plongeon devant le tsar. Entre l’Angleterre et nous, la question est plus délicate. C’était une vieille pensée de lord Palmerston d’occuper l’alliance anglo-française à des œuvres communes : l’empereur a trouvé l’occasion, — et l’a saisie habilement dans l’affaire de Crimée, — de réaliser cette pensée ; mais depuis l’annexion de la Savoie nous ne réussissons plus à occuper l’alliance anglo-française. Vainement avons-nous offert à l’Angleterre de nous mêler en Amérique d’une besogne qui semblait devoir lui plaire et de travailler en commun à la dissolution des États-Unis : nous avons été remerciés. Nous invitons l’Angleterre à sauver avec nous la Pologne, lord Palmerston ne veut pas nous entendre. Que voulez-vous ? On assure que la seule infirmité du vieux Pam est la surdité. E FORCADE.



REVUE MUSICALE.

Le Théâtre-Italien a inauguré Sa saison le 14 octobre par la Traviata, opéra de M. Verdi. Une nouvelle administration a succédé à celle qui régnait depuis dix ans, et c’est M. Bagier qui dirige aujourd’hui la salle Ventadour, qu’il a fait restaurer avec goût. L’entrée, on ne sait trop pour quelle raison, n’est plus sous le péristyle, mais de côté, et c’est presque clandestinement que l’on pénètre dans une enceinte où l’on va chercher une société polie et des plaisirs délicats. Le parterre a été supprimé, et c’est ce qu’on appelle l’orchestre qui remplit aujourd’hui l’espace qui s’étend depuis les musiciens jusqu’aux loges du rez-de-chaussée. Un passage est pratiqué au milieu de ces stalles d’orchestre, et l’on peut y circuler