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en France, et, soutenu par une ornementation suffisante, l’effet en est certain. On retrouve ici les caractères de la vraie basilique, même celui-ci qui ne manque guère : une colonnade déprimée par la hauteur de la nef.

La chapelle de Tous-les-Saints, dépendance du palais du roi, est donnée pour un diminutif de Saint-Marc de Venise. Elle en a le style, la richesse, l’obscurité. C’est encore une tentative intéressante pour dispenser la curiosité d’être voyageuse, en mettant à sa portée des imitations vraiment intelligentes de ce qu’elle pourrait aller chercher au loin. Sainte-Marie-de-Bon-Secours est une église gothique à murs de brique avec encadremens de pierre. La façade est jolie, et le toit, en tuiles vernissées de diverses couleurs, est d’un effet piquant. L’intérieur est petit, et le chœur est raccourci par la sacristie, qui passe derrière l’autel. Tout est sacrifié à l’éclat des vitraux modernes, aussi riches de couleur que de composition.

Mais nulle église n’égale en importance celle de Saint-Louis. Celle-ci a été faite pour être italienne, ou ornée à la romaine dans la forme lombarde. Il a été savamment établi qu’une architecture lombarde n’existait pas. Qu’on nous permette cependant d’appeler ainsi un genre de façade dont on trouvera maint exemple à Como, à Brescia, à Vérone. Seulement ici, par une disposition qui n’est pas très commune, au parvis sont annexés deux clochers qui, trop écartés, abaissent un peu l’édifice. Malgré sa grandeur réelle, l’intérieur manque de grandeur apparente. De la nef, on n’aperçoit pas le transept, et l’église paraît courte et comme murée, parce que le maître-autel est appliqué sur un fond plat. Pourquoi? C’est qu’au lieu d’abside on a voulu ménager à Cornélius une surface unie dans les proportions ou à peu près de celle qu’au fond de la Sixtine Jules II abandonna à Michel-Ange. Il fallait bien que Cornélius fît son Jugement dernier. Il l’a fait, et il s’est attaché à le concevoir, dans un sentiment plus archaïque et plus religieux. Une première différence frappe d’abord. Ici tout le monde est habillé, Christ, anges, élus, damnés. C’est plus convenable, et cependant singulier. Tout d’ailleurs est sagement conçu; il y a de l’ordre, de la dignité, de la froideur. On loue à juste titre au centre du tableau le saint Michel, qui est admirable ; mais l’effet général ne répond pas à l’effort. Là d’ailleurs, comme dans les vastes fresques de la voûte et du transept, la couleur est ingrate, et une teinte jaunâtre et pâle a tout envahi, les chairs comme les draperies.

Ces quatre édifices complets, soignés, achevés avec unité, sont cependant d’intéressans objets d’étude, et les artistes qui les ont élevés et décorés sont certainement des gens d’esprit. De l’esprit, il y en a beaucoup dans tout ce qu’on fait à Munich, avec accompagnement d’une certaine puérilité que la moquerie française ne ménagerait