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exemple, est mal faite et tellement lourde qu’il faut quatre chevaux pour la mettre en mouvement. Les fermes ont une étendue de 30 à 35 hectares, dont une vingtaine sont labourés; on y entretient six chevaux, une quinzaine de bêtes à cornes et un troupeau de moutons. Les chevaux sont bons, assez légers, et les meilleurs sont achetés en grand nombre par la Belgique et la France, où ils servent de chevaux de train ou de carrosse. On rencontre ici, du côté de Munster, cette variété de bœufs sans cornes que les Scythes possédaient déjà, suivant Hérodote, qui attribue cette anomalie à l’intensité du froid : ne armentis quidem suus honor aut gloria frontis, comme dit encore Tacite en parlant des troupeaux des Germains.

L’élevage du bétail est singulièrement favorisé par l’excellente qualité des herbes des Uylerwaarden, c’est-à-dire des prairies hors digue arrosées l’hiver par la crue des rivières et enrichies de leur limon; elles produisent 6,000 kilos d’un foin assez nourrissant pour engraisser les animaux de boucherie. Elles se louent pour un an de 180 à 220 francs l’hectare, et le regain seul pour pâturer se paie de 60 à 70 francs. Les baux sont de quatre ou de six ans, et le fermage s’élève de 60 à 100 francs par hectare. L’entrée en jouissance est au 1er janvier pour les bâtimens, et au 1er mai pour les terres. Toutes les fermes sont entourées de vergers où l’on récolte en abondance des pommes, des prunes et surtout des cerises qui, expédiées pour Londres, donnent un bon profit; Indépendamment du colza, deux autres plantes industrielles sont aussi cultivées avec succès, le chanvre et le tabac. Le chanvre, qu’on ne trouve guère en Hollande que dans le district de Maas-en-Waal, livre en moyenne 600 kilos de filasse et 14 hectolitres de graines par hectare d’une valeur totale de 500 fr. environ. Le tabac, introduit dès 1647, est cultivé dans la Betuwe, l’ancienne Batavie, et dans les environs d’Amersford, non loin d’Utrecht, d’après une méthode qu’il n’est pas inutile de faire connaître. Les champs destinés au tabac sont divisés en carrés allongés d’une vingtaine d’ares par des haies d’aunelles destinées à couper le vent. On y élève des lits de 50 centimètres de large sur 32 de haut, qu’on garnit de fumier de mouton dans la mesure de 25,000 kilos à l’hectare. Le tabac, semé sur couches couvertes de papier huilé, est ensuite repiqué et planté en lignes sur les lits ainsi préparés. Après la cueillette, ces feuilles sont séchées sous des hangars ouverts au vent de tous les côtés. On estime le produit par hectare à 1,500 kilos de première qualité et à 1,500 kilos de seconde qualité, d’une valeur totale de 2,000 à 2,500 francs.

Quoique le lin ne soit pas cultivé ici, on rencontre cependant dans l’Over-Maas, surtout aux environs de Dordrecht, un grand nombre de cultivateurs de lin qui exercent leur industrie d’une manière