Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avouer que l’île de Walcheren mise à part, l’agriculture zélandaise a encore beaucoup de progrès à faire. Confiant dans la fécondité en apparence inépuisable du sol, le cultivateur néglige l’étable. On ne compte dans la province que 47,000 bêtes à cornes, soit moins de 30 par 100 hectares de superficie productive, tandis que le chiffre moyen pour le royaume est 67. Les animaux sont en général mal nourris l’hiver et ne reçoivent pas de nourriture verte. Quoiqu’on signale une amélioration sous ce rapport, l’engrais est encore très mal recueilli et peu soigné. Les machines perfectionnées, qui nulle part ne seraient plus utiles que dans ce pays fertile et faiblement peuplé, ne sont guère encore en usage. Ces défauts frappent d’autant plus qu’on peut voir dans les îles mêmes un magnifique exemple des résultats qu’obtient l’art agricole moderne appliqué à cette terre féconde. On voudra bien me permettre d’invoquer à ce sujet les souvenirs de l’une de mes excursions agronomiques en Hollande.

En 1862, au mois de juin, je m’étais rendu à Middelbourg pour assister au dix-septième congrès d’économie rurale de la Néerlande. Ces congrès, qui réunissent pendant quatre ou cinq jours les agriculteurs des différentes provinces, fermiers et propriétaires, au nombre de quinze cents à deux mille, sont une institution excellente qu’on ne saurait trop recommander à l’étude et à l’imitation des autres nations. Chaque année, l’une des provinces reçoit tour à tour le concile général des agronomes théoriques et pratiques du pays. De cette façon toute jalousie locale est évitée, et les membres du congrès ont l’occasion de visiter successivement, dans les meilleures conditions d’hospitalité et d’information, les diverses régions agricoles du royaume. Un programme est distribué quelque temps à l’avance; les questions posées sont nombreuses, mais simples, et si bien à la portée de tous que les cultivateurs peuvent venir exposer les résultats de leur expérience journalière. Il en résulte une de ces enquêtes modestes, sans éclat, mais nourries de faits, comme en ouvre parfois le parlement anglais quand il désire approfondir une question. Les savans mis en relations personnelles avec les travailleurs voués à un labeur quotidien, la diffusion de nouvelles méthodes, les résultats d’une machine ou d’une culture nouvelle contrôlés, discutés dans un débat public et contradictoire, des rapports suivis et une sorte de fédération établis entre les agriculteurs des districts les plus éloignés, les bons livres, les journaux utiles cités, prônés, portés à la connaissance de ceux à qui ils sont nécessaires, les divers systèmes de culture étudiés sur place l’un après l’autre, enfin un foyer de lumière promené successivement dans toutes les parties du pays, tels sont quelques-uns des avantages qu’offrent ces assemblées périodiques, dont les excellens effets sont reconnus et appréciés