Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou neuf personnes sont employées dans ces séchoirs, d’ordinaire établis à compte commun par quinze ou vingt cultivateurs qui y envoient leurs récoltes. Aujourd’hui les fours à vapeur commencent à s’introduire et donnent d’excellens résultats. Les relevés officiels portent le produit moyen d’un hectare planté en garance à 1,500 kilos, ce qui ferait une valeur de 1,500 francs au prix ordinaire de 1 franc le kilo. Le plant de trois ans livrerait environ 1,000 kilos de plus. Cependant je dois ajouter, qu’on m’avouait en général un produit supérieur, et dans l’île de Schouwen notamment on portait le produit de 1,000 à 1,500 kilos par gemet de 44 ares pour la garance de deux ans. Cette culture industrielle paraît avoir existé déjà au VIe siècle. La valeur de la garance produite dans les îles de la Zélande et de la Hollande méridionale s’élève annuellement à 11 ou 12 millions de francs. Une autre culture que je citerai plutôt comme curiosité agronomique que pour son importance, c’est celle d’une légumineuse à bulbe comestible qu’on trouve en grande abondance dans les moissons des argiles d’alluvion, en Zélande et en Gueldre, mais point du tout en Frise et en Groningue, le lathyrus bulbosus, en hollandais aardakker. Ce petit tubercule, de couleur noirâtre, a un goût très fin, et les indigens de la campagne vont déterrer cette truffe végétale qui est très recherchée pour la table des personnes aisées. Dans l’île d’Overflakkee, on la cultive régulièrement. On la plante à 10 centiniètres de profondeur sur bonne fumure. Au printemps, elle se développe avec vigueur et orne la campagne de ses charmantes grappes de fleurs papillonacées. Le produit est d’environ 1,500 kilos à l’hectare, qui représentent une valeur brute de 1,200 à 1,300 francs et un bénéfice net de 700 à 800 francs.

La Zélande est certainement, sous le rapport agricole, la plus riche province des Pays-Bas. Sur les 174,000 hectares qu’elle comprend, si l’on déduit 10,000 hectares pour les chemins, les dunes, les bâtimens, les eaux, tout le reste est productif, et tout de première qualité, 80,000 hectares sont en terre à labour et 66,000 en prairie. Ses principaux produits sont le froment, qui occupe 20,000 hectares (et donne 21 hectolitres par hectare, les féveroles, qui prennent 10,000 hectares et donnent 22 hectolitres, le colza (5,000 Hectares à 17 hectolitres), le lin (2,800 hectares à 500 kilos par hectare) La valeur totale des récoltes est estimée 17 millions de florins ou 36 millions de francs, d’où l’on peut conclure que chaque hectare de terre labourée donne en moyenne un produit brut de 450 francs. C’est là sans doute un résultat magnifique, exceptionnel et rarement atteint ailleurs, même dans les régions les plus favorisées et les mieux cultivées; mais si l’on songe à la fertilité prodigieuse de la riche terre d’alluvion qu’on trouve ici, on doit