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ne sont jamais plus sacrés et ne doivent jamais être plus respectés et plus protégés que dans une crise révolutionnaire, lorsqu’ils sont représentés par des vaincus et des exilés. On n’oubliera pas non plus que M. Vavin était resté fidèle à ce sentiment français qui, dépassant les limites du territoire, ouvre sa sympathie aux patriotes et aux libéraux étrangers qui souffrent pour des causes nationales et pour la liberté. M. Vavin était président du comité polonais, et dans un âge avancé il portait à la Pologne le même intérêt ardent qu’il avait ressenti pour elle dans sa jeunesse. L’école libérale de la restauration et de 1830 sera honorée de l’avenir quand, en témoignage de sa valeur, elle lui présentera de telles carrières, modestes, laborieuses, élevées et fortifiées par l’inaltérable unité des convictions.

E. FORCADE.
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ESSAIS ET NOTICES

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I. Si les Traités de 1815 ont cessé d’exister ? — Actes du futur Congrès, par P.-J. Proudhon, 1 vol. in-18. — II. Des Conditions d’une paix durable en Pologne, par l’auteur de la Pologne et la cause de l’ordre, 1 vol. in-8o.


Il y a un mot qui est sorti de toute une situation, qui voyage depuis quelque temps dans la politique européenne et qui revient sans cesse au bout de toutes les discussions, de toutes les complications, de toutes les combinaisons : c’est que le monde est troublé, profondément troublé, que notre continent en est arrivé à ce point de malaise et de violente perturbation intérieure où tout peut dégénérer en conflit, et que le moment est venu pour les chefs des nations de rechercher dans le trouble universel les conditions d’une paix durable. Une paix sûre, fondée sur un équilibre moins inique et moins précaire, sur une coordination plus juste de toutes les situations et de tous les droits, c’est là le mot d’ordre de toutes les politiques, de toutes les entreprises, et à chaque événement nouveau qui naît de la dissolution des vieilles combinaisons, qui apparaît à son tour comme un signe de plus des progrès du mal dans l’organisme européen, ce mot d’ordre retentit comme un avertissement du péril qui se rapproche. Qu’allions-nous faire il y a quatre ans en Italie ? Nous allions mettre fin à un antagonisme séculaire devenu plus dangereux depuis 1815, et chercher une paix durable par une satisfaction d’indépendance donnée à un peuple toujours agité. Qu’allions-nous faire, il y a huit mois, dans cette intervention diplomatique qui a si mal fini, qui a eu de si tristes effets pour la Pologne, qu’elle a laissée jusqu’ici sans défense en face de la répression la plus sanglante, et pour l’Europe elle-même, dont la parole reste engagée ? Nous allions avec la pensée avouée de guérir une grande et douloureuse plaie, de rétablir l’ordre par la justice, de réclamer en un mot les conditions d’une paix durable. Que voulons-nous faire en proposant un congrès ? Nous vou-