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LES
ARTS INDUSTRIELS EN FRANCE
ET
L'EXPOSITION DE 1863

Il y a quelques années, la supériorité de la France dans l’art industriel n’était guère l’objet d’un doute. Dans ce domaine, où l’habileté matérielle ne saurait régner que disciplinée et corrigée par le goût, nous ne connaissions pas de rivaux. A l’exposition de 1855 encore, le privilège des tentatives ingénieuses et des créations élégantes nous était resté. Cependant l’année dernière un fait remarquable s’est produit : l’art industriel français avait trouvé à l’exposition universelle de Londres un concurrent, un émule inattendu, presque un vainqueur : c’est l’art industriel britannique. Comment expliquer ce soudain triomphe de nos voisins? Par quel secret avaient-ils en cinq ans conquis les qualités précieuses dont nous étions si justement fiers? Telle est la question que ceux qui prennent intérêt à une alliance plus étroite de l’art et de l’industrie en France ne se posaient pas, il y a un an, sans une légitime inquiétude. Aujourd’hui cette question se représente, et il semble qu’à l’exposition ouverte depuis quelque temps aux Champs-Elysées l’art industriel français lui-même ait voulu, en présence de son nouveau rival, s’interroger sur ses propres forces, soumettre au jugement du public ses plus nouvelles créations, rechercher quels ont été dans ces dernières années les progrès accomplis, et se demander quels progrès il lui reste à faire. Cette préoccupation du progrès dans quelques