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de voir aujourd’hui l’autorité publique marcher avec lenteur quand il s’agit d’améliorer le sort des pauvres. Le pouvoir municipal s’est également préoccupé de satisfaire d’autres intérêts de l’ordre moral, et, sans parler de sa sollicitude pour offrir à l’exercice des cultes des édifices dignes de leur destination, l’administration parisienne, on aime à le reconnaître, a fait de larges sacrifices poulie développement des écoles, puisque les dépenses de l’instruction primaire sont spécialement à la charge des communes. Un peu avant 1848, la ville de Paris consacrait à l’instruction primaire une allocation de 1,100,000 francs au lieu de 140,000 francs dépensés en 1830. Dans le budget de 1863, l’allocation pour l’instruction primaire dépasse 2,900,000 francs. Ces chiffres sont considérables, puisqu’ils ne s’appliquent qu’aux frais ordinaires, sans comprendre toutes les sommes nécessaires pour construire de nouvelles écoles, et sous ce rapport l’extension des limites de Paris impose de grands sacrifices devant lesquels l’administration ne doit pas reculer. C’est ainsi que dans le budget de 1863, outre la somme de 2,900,000 francs destinée à l’instruction primaire, 200,000 francs sont accordés pour l’entretien des édifices scolaires et 500,000 francs pour la construction d’écoles dans la banlieue. Enfin il faut ajouter à ces allocations quelques dépenses pour l’instruction secondaire et des institutions spéciales ; néanmoins nous ne pouvons nous empêcher de remarquer que ces dernières sont bien modiques; les quartiers de la rive droite demandent aussi depuis trente ans un troisième collège, et tous les bons esprits seraient heureux de voir une progression plus rapide encore dans les dépenses consacrées à l’enseignement populaire. Qui ne croit sincèrement que le corollaire du suffrage universel ne soit l’instruction universelle ? Sans professer dans un sens absolu la doctrine de l’instruction gratuite et obligatoire, il est permis d’émettre le vœu pratique que l’instruction soit distribuée avec tant de munificence et à si peu de frais que tous puissent la recevoir. Paris renferme deux modèles d’enseignement primaire supérieur qu’on ne saurait trop louer : le collège municipal Chaptal et l’école Turgot; mais, bien que la ville y fasse entrer comme boursiers les élèves qui se sont le plus distingués dans les écoles primaires ordinaires, il y a lieu de regretter que cet enseignement ne soit pas mis à la portée d’un plus grand nombre. L’enseignement primaire supérieur n’entraîne qu’une dépense annuelle de 150,000 francs environ; l’instruction secondaire n’obtient comme encouragement qu’une somme moindre encore, sur laquelle le collège municipal Rollin absorbe à lui seul près de 100,000 fr. Ces chiffres sont-ils suffisans, quand on voit par exemple le chapitre des fêtes et réjouissances publiques recevoir une allocation de 700,000 francs?