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elle-même, par suite de l’application de la surtaxe, n’ayant entraîné jusqu’à ce jour aucune dépense restant au compte de la ville de Paris.

Les années 1857 et 1858 ne furent point signalées par un nouvel appel au crédit, mais l’autorité municipale mit dans ses entreprises une activité qui la força bientôt d’y recourir encore. La loi du 19 juin 1857 engagea l’état et la ville dans les dépenses à faire pour l’ouverture du boulevard de Sébastopol sur la rive gauche de la Seine, l’achèvement de la rue des Ecoles et autres travaux dont l’état prenait le tiers à sa charge, sans toutefois) que ce tiers pût excéder 12 millions pour le boulevard de Sébastopol et 500,000 fr. pour les dépendances de l’hôtel Cluny et du musée des Thermes. En 1858, la nouvelle convention qui intervint entre l’état et la ville révéla les plus vastes projets qui eussent encore été soumis au contrôle de l’opinion publique. La ville de Paris y prit l’engagement d’exécuter dans un délai de dix ans à partir de 1859 neuf projets désignés dans l’article 1er de cette convention, comprenant la création de neuf boulevards nouveaux : les boulevards du Prince-Eugène, du Nord, du Château-d’Eau, de Malesherbes, de Beaujon, trois autres partant du pont de l’Alma, enfin le boulevard Saint-Marcel ; l’ouverture de dix rues de 20, 22 et 40 mètres de largeur : les rues du Château-d’Eau, de Rouen, Lafayette, de Rome, Madrid, la rue Mouffetard élargie à 40 mètres, trois rues au carrefour de Lourcine, la rue de Médicis aux abords du Luxembourg, enfin le raccordement et l’élargissement d’un grand nombre de rues aboutissant aux précédentes, et le percement de quatre nouvelles avenues tenant le milieu comme largeur entre les rues et les boulevards.

Dans le rapport présenté, en cette circonstance au conseil municipal, le préfet de la Seine démontre la nécessité d’ouvrir dans Paris de larges voies stratégiques qui assurent le maintien de l’ordre, qui rendent l’accès des gares de chemins de fer abordable et facile, qui embellissent en l’assainissant la capitale de l’empire. Son attention s’est portée sur toutes les extrémités de la ville : après avoir travaillé à l’amélioration du centre par l’érection des halles, l’achèvement de la rue de Rivoli, l’ouverture du boulevard de Sébastopol, il faut à l’ouest créer, du parc de Monceaux au bois de Boulogne, une ville qui sera celle du luxe et de l’élégance, prolonger à l’est vers Vincennes et embellir à l’égal de la précédente la ville industrielle et manufacturière, vivifier enfin au sud ce douzième arrondissement, jusqu’alors la honte du Paris moderne. L’exécution de ce plan, que le préfet pouvait avec juste raison dire inspiré par les besoins de l’ordre, de la salubrité, et aussi par un vif sentiment de l’art, était évaluée à 180 millions, dont l’état assumait 50 à sa charge, et elle devait être réalisée en dix années.