Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 47.djvu/812

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grossi, on doit distinguer d’abord les dépenses ordinaires et obligatoires de la ville; pour celles-ci, les ressources annuelles suffisent, et au-delà. Quant aux grands travaux de transformation, dont les générations futures recueilleront le bienfait, il a fallu grever l’avenir en demandant les ressources nécessaires au crédit. Chacune de ces catégories de recettes et de dépenses appelle donc un examen séparé.


V. — RECETTES ET DEPENSES ANNUELLES DE 1853 A 1863. — RECETTES ET DEPENSES SPECIALES. — EXTENSION DES LIMITES DE PARIS.

Le budget de 1853 se présentait avec 47 millions de recettes et de dépenses annuelles. Le budget de 1863 se compose de 117 millions de recettes ordinaires et de 12 millions de recettes extraordinaires, ensemble 129 millions. Toute l’histoire des dix années se résume dans ces chiffres. Entre la première et la dernière, il est vrai, l’extension des limites de Paris a eu lieu ; les communes suburbaines ont versé dans les murs de la capitale une population de près de 500,000 consommateurs contribuables (dans le recensement de 1856, la population des communes annexées est portée à 351,000 âmes, dans le recensement de 1861 à 518,000). L’octroi, dès la première année de l’annexion, a bénéficié de 19 millions. La situation a donc été modifiée, et les points de comparaison ne sont plus les mêmes ; mais, si l’on se reporte au dernier budget de la ville avant l’annexion, à celui de 1850, on trouve que les recettes ordinaires montent au chiffre de 73 millions et les recettes extraordinaires à 4, ensemble 77 millions, chiffre déjà bien supérieur à celui de 1853. En comprenant dans les recettes annuelles ce qu’on appelle les recettes extraordinaires, qui ne sont en général que des rentrées sur des ventes antérieures de propriétés, on peut suivre année par année cette progression vraiment remarquable. Le budget de 1854 porte les recettes à 55 millions, celui de 1856 à 62, celui de 1857 à 65, celui de 1858 à 70, le budget enfin de 1859 à 77.

En outre, dans chacun des comptes rendus à la clôture de l’exercice, les prévisions de ces mêmes budgets se trouvent dépassées : les recettes constatées sont supérieures aux recettes prévues de 5 millions en 1856 et en 1857, de 2 millions en 1858, de 6 millions en 1859. L’octroi, les locations d’emplacemens sur la voie publique, les eaux, les marchés, les halles, etc., tous les éléments du revenu se sont développés avec une merveilleuse facilité. L’octroi seul, dans le budget de 1850, dépasse le chiffre total du budget de 1853 : il est évalué à 48 millions, et en réalité il en donne 54 ; après l’annexion, le chiffre prévu pour l’octroi monte à 66, et dans le compte de l’exercice 1860, arrêté en 1861, la recette constatée dépasse