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encore réalisée quand éclata la révolution de février ; l’émission était désormais impossible aux mêmes conditions, et l’assemblée constituante dut élever le taux de l’intérêt et autoriser un traité provisoire entre la ville et la Banque de France, qui se chargeait de faire une avance de 10 millions à la caisse municipale. Il n’y avait plus d’ailleurs à songer en ce moment à la construction des halles centrales, et les ressources de l’emprunt devaient servir à solder le compte des dépenses occasionnées par la révolution.

L’ordre se raffermit, et en 1851 M. Léon Faucher, ministre de l’intérieur, présenta à l’assemblée législative un projet de loi pour autoriser la ville de Paris à emprunter 50 millions en obligations de 1,000 francs, comme dans le précédent emprunt de 25 millions. Il ne s’agissait plus seulement cette fois des halles centrales, mais encore d’une entreprise vue favorablement par l’opinion publique, du prolongement de la rue de Rivoli. Ainsi, dans l’espace de trois ans, la ville avait dû emprunter 75 millions, tandis que de 1830 à 1848 elle n’avait eu recours au crédit que pour la somme de 40 millions. Le budget présenté en 1847 s’élevait, en dépenses et en recettes, à 46 millions ; le budget pour 1853 en dépasse à peine 47, mais déjà le service de la dette municipale absorbe à lui seul 8 millions 1/2 ; il n’était en 1847 que de 4,592,000 francs. Le résultat de ces trois années s’accuse ainsi nettement, et l’on voit que, sous le rapport de la situation financière non plus qu’au point de vue de son autonomie communale, perdue au lendemain de février et non encore recouvrée, Paris peut sans ingratitude garder un médiocre souvenir de cette courte période de son histoire administrative.

L’année 1853 ouvre une ère toute nouvelle, presque sans analogie avec le passé. Attaqué pour ainsi dire sur tous les points à la fois, ce vieux Paris, dont nous avons esquissé le tableau au début de cette étude, disparaît avec une prodigieuse rapidité pour faire place à une nouvelle ville dont, il y a quinze ans seulement, on n’eût pas même osé rêver la magnificence. Il est loin de notre pensée de méconnaître la grandeur de l’œuvre et la puissante activité qu’on y déploie ; mais, avant de tracer le tableau de ce grand développement matériel, nous voudrions d’abord en étudier les causes, signaler les dangers d’un entraînement excessif, et montrer la nécessité, d’un contrôle efficace et modérateur. Il faut bien reconnaître en effet que cette immense impulsion n’est point due seulement au retour de la prospérité et au cours régulier des choses ; des mesures législatives ont contribué à précipiter le mouvement : on voit que nous voulons parler du nouveau régime administratif de Paris et des changement introduits dans le système d’expropriation pour cause d’utilité publique.

Les lois les plus récentes concernant l’administration de la ville