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accrue, ou les habitudes de charité privée, en se répandant, ont laissé moins à faire à la charité publique. La quotité des legs laissés aux hospices, les fondations pieuses, les sociétés de charité religieuses ou laïques, si multipliée de nos jours, ne permettent point de douter que ce second résultat n’ait été acquis, et il faut peut-être s’en réjouir au moins autant dans l’intérêt de la société, comme preuve de l’union entre les diverses classes, que si la misère elle-même avait en général diminué d’intensité.

Pour compléter les résultats de la gestion du conseil des hospices, il faudrait enfin énumérer les améliorations introduites dans le régime alimentaire et hygiénique de tous les établissemens qui lui étaient confiés. Les faits ont donc entièrement justifié l’organisation donnée en 1802 à cet important service ; mais la loi du 10 janvier 1849 l’a encore perfectionné en substituant à la commission exécutive un directeur général de l’assistance publique, responsable sous la surveillance du conseil, qui a quitté le nom de conseil général pour prendre celui de conseil de surveillance, plus conforme à ses attributions. L’exercice du pouvoir exécutif sous forme collective avait depuis longtemps, en cette matière comme en tout autre, présenté des inconvéniens auxquels la nouvelle organisation a sagement pourvu, et le progrès réalisé est d’autant plus important que le budget de l’assistance publique, y compris les 9 millions de la subvention de la ville, s’élève aujourd’hui à 30 millions.

Parmi les établissemens de charité qui sous le gouvernement de 1830 ont reçu le plus de développement, il ne faut pas oublier la caisse d’épargne, dont les nombreux et importans dépôts prirent une telle importance qu’on s’attacha plusieurs fois à la réduire, le mont-de-piété, réorganisé en 1831, et dont les prêts, pour plus de moitié inférieurs à 10 fr., se multiplièrent si vite, enfin les crèches et les salles d’asile, objets de l’ordonnance royale de 1837. C’était en 1801 que Mme la marquise de Pastoret avait créé la première salle d’asile à Paris.

Mais c’est surtout en ce qui intéresse le développement de l’instruction publique que l’administration municipale sous le gouvernement de 1830 laissa bien loin derrière elle toutes celles qui l’avaient précédée. Les dépenses qu’elle s’imposa pour l’enseignement primaire sont à celles qui furent acquittées sous la restauration pour le même objet comme 140 est à 14. En même temps les sacrifices de la ville pour les bibliothèques et les musées avaient doublé. Si les allocations relatives à l’instruction secondaire et aux collèges demeuraient à peu près les mêmes, c’est que l’instruction secondaire restait à la charge de l’état, tandis que les communes prenaient la plus grande part aux dépenses de l’instruction primaire. En 1814, le budget municipal contient pour l’instruction primaire